La décision de fermeture des universités publiques avait été prise le 19 avril dernier par le président Alassane Ouattara, après la fin de la crise post-électorale.
Toutes les universités, notamment celles d'Abidjan ont été saccagées et vandalisées lors des combats.
DE NOUVEAUX NOMS POUR UN NOUVEAU VISAGE
Le gouvernement a débloqué 110 milliards de franc CFA (environ 152 millions d'euros) pour réhabiliter les deux universités d' Abidjan et celles de l'intérieur du pays, Bouaké (centre), Korhogo (nord) et Daloa (centre-ouest).
Il s'agissait pour le gouvernement, comme l'a souligné jeudi le Premier ministre Jeannot Kouadio-Ahoussou, d'offrir aux étudiants de Côte d'Ivoire "un cadre d'apprentissage conforme aux standards internationaux".
Au bout de 10 mois de travaux qui ont permis remettre à neuf près de 2000 bâtiments, les quatre universités présentent un nouveau visage et ont même changé de dénomination.
L'université de Cocody, la plus grande de Côte d'Ivoire, a été renommée université Félix Houphouët-Boigny, du nom du premier président ivoirien décédé en 1993.
L'université d'Abobo-Adjamé a été rebaptisée université Nangui Abrogoua et celles de Daloa et Korhogo portent respectivement les noms Péléforo Gbon Coulibaly et Jean Lorougnon Guédé.
Quant à l'université de Bouaké, elle se nomme Alassane Ouattara.
Pour le comité scientifique des festivités des "Journées du départ nouveau" prévu pour se dérouler sur trois jours, 'plus rien ne sera comme avant, c'est le début d'un commencement qui n'a jamais été'.
Depuis au moins deux décennies, l'enseignement supérieur est miné par des crises récurrentes avec des années académiques " interminables" et en "dents de scie" en raison de grèves à répétition conduites par un syndicalisme étudiant "violent' et fortement politisé.
Trois générations de bacheliers frappent aux portes des universités.
La rentrée universitaire 2012-2013 est "une rupture totale avec ce qui a été jusqu'aujourd'hui", précise le comité scientifique des "Journées du départ nouveau" qui ajoute qu'il est désormais temps de "faire face aux choses académiques".
Les présidents d'université ont décidé de faire passer les frais d'inscription de 6.000 francs CFA (environ 9 euros) à 100. 000 francs CFA (environ 152 euros) mais le gouvernement les a fixés à 30.000 francs CFA (environ 46 euros).
RETROU AUX "CHOSES ACADEMIQUES"
A côté des infrastructures réhabilitées et modernisées, des réformes académiques et pédagogiques sont annoncées.
"Ce ne sont pas seulement les bâtiments qui ont changé d'aspect, qui sont devenus plus beaux, ce n'est pas seulement le cadre de vie et d'étude des étudiants qui a changé, mais la révolution c' est aussi et surtout au niveau pédagogique", assure le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Cissé Bacongo.
Pour le gouvernement "l'enjeu est, qu'au-delà de cette renaissance physique, il y ait une formation académique de qualité ".
Parlant de révolution, Cissé Bacongo relève, en autres, le système Licence-maîtrise-doctorat (LMD), des salles équipées en matériel informatique de dernière génération, des universités interconnectées, l'installation de la fibre optique et des enseignements par visioconférence.
Toutes choses qui devraient permettre aux étudiants de relever les défis du développement économique et social de la Côte d' Ivoire.
Jeannot Kouadio-Ahoussou a insisté, auprès des étudiants, sur la nécessité pour eux "d'opérer un changement total de comportement et de paradigme".
"L'université doit être un lieu d'apprentissage, de civilités et d'humanisme", a-t-il souligné ajoutant qu'elle doit être "un lieu fécond de brassage et de communion" dans le respect des différences ethniques, politiques et religieuses.
L'idée est de dénoncer le règne de la terreur entretenu dans les écoles et sur les campus par la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci), dans "l'impunité totale".
Le syndicat estudiantin né au moment de la réouverture de la Côte d'Ivoire au multipartisme en 1990 avait la main mise sur l' école ivoirienne et se présentait comme le bras séculier de l'ex président Laurent Gbagbo arrivé au pouvoir en 2000.
Le gouvernement, à travers le ministère de l'Education nationale, a décidé en février de dépolitiser l'école en supprimant les activités syndicales.
C'est un défi pour le gouvernement décidé à ramener le calme et l'apaisement dans les établissements scolaires.
La rentrée universitaire est prévue lundi. Une cérémonie officielle sera organisée à Cocody en présence du président Alassane Ouattara.