Côte d’Ivoire : Des organisations de droit de l’Homme publient un rapport sur le procès des prisonniers de la crise post-électorale

Afriquinfos Editeur
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«Côte d’Ivoire : choisir entre la justice et l’impunité »,ainsi est intitulé le rapport publié par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations membres en Côte d’Ivoire, le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) et la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO)  lors d’une conférence tenue à Abidjan ce jeudi.

 Le document d'une trentaine de pages avec des illustrations, dénonce plusieurs dérives judiciaires de l’Etat ivoirien concernant la détention des accusés de la crise post électorale. Le rapport interpelle principalement  sur les trois procédures judiciaires engagées par la justice ivoirienne sur la crise postélectorale. Pour  les auteurs, il s'agit en premier lieu de « la procédure portant sur les ‘' atteintes à la sûreté de l'Etat'' qui vise  exclusivement des proches de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo », qui selon ces défenseurs des droits humains est traitée de manière «politique».

 Vient ensuite, la procédure portant sur « les crimes de sang, notamment  les graves violations des droits humains qui demeure tournée contre les pro-Gbagbo et insuffisamment avancée pour entrevoir un procès», selon ces derniers.

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«La troisième procédure judiciaire a été initiée à la suite du rapport de la Commission nationale d'Enquête (CNE) et demeure la seule procédure visant la responsabilité des éléments des FRCI suspectés de crimes graves pendant la crise postélectorale », indique le rapport. Pour cette dernière procédure, note le rapport, un suspect arrêté en 2013 a désigné ‘'de hauts chefs des FRCI de l'Ouest comme des personnes l'ayant soutenu dans ses actions lors de la prise de Duékoué (Ouest) fin mars 2011, personnes qui n'ont pas encore été entendus par la justice.

Pour le MIDH et la LIDHO, «l'organisation d'un procès visant uniquement des pro-Gbagbo  ne traitent pas des violations des droits humains».

 Ces organisations de défense des droits humains dénoncent également  des procédures concernant des crimes perpétrés à l'ouest de la côte d’ivoire, après la crise postélectorale qui sont, à ce jour, bloquées.

 Selon ces deux organisations, des  obstacles ont été  posés aux instructions en cours contre des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) avec des responsables présumés qui n'ont pas répondu à des convocations de justice.

 Pour Me Yacouba Doumbia, président du MIDH et l’un des avocats du conseil des victimes « le peu d'avancées réalisées par la justice ivoirienne dans la lutte contre l'impunité demeurent insuffisantes et le seul procès prévu pour le moment ne traitera pas des violations des droits de l'Homme et apparaît très politique à un an de l'élection présidentielle ».

«Les autorités ivoiriennes doivent garantir des procédures judiciaires plus équitables, notamment, obliger les éléments des FRCI cités à comparaitre afin de répondre aux droits des victimes à la vérité, à la justice et à réparation », a conseillé M Dounbia. De son côté, Pierre Adjoumani Kouamé, président de la LIDHO s’est penché sur la question de la réconciliation qui selon lui est « un processus mal engagé et un manque de volonté des responsables de mettre en lumière l'ensemble des responsabilités de la crise ».  «C’est une nouvelle occasion manquée pour tous les Ivoiriens de faire face à leur histoire », a-t-il commenté.

 Les auteurs ont promis remettre en fin de journée le rapport aux autorités ivoiriennes compétentes.

 

L. Agbenou