Fondé par M. Laurent Gbagbo, ex-président ivoirien, le Front Populaire Ivoirien, principal parti d'opposition du pays est confronté depuis quelques temps à une situation spéciale: deux personnes se disputent le poste de la présidence du parti.
L’actuel président du parti Pascal Affi N’Guessan se retrouve ainsi confronté à l'ancien président et fondateur du parti, Laurent Gbagbo emprisonné depuis trois ans à La Haye (Pays-Bas), siège de la Cour pénale internationale (CPI) . Bien que détenu, sa candidature a été déposée par ses proches.
Une situation fortement dépréciée par M. Affi N’Guessan qui a, dans un premier temps demandé le retrait de candidature de son « rival », puis, confronté à son refus a saisi la justice ivoirienne pour trancher.
Lors d'une audience tenue au tribunal d'Abidjan lundi dernier, le juge a ordonné le retrait de la candidature de M. Gbagbo. Pour justifier sa décision, la justice dénonce que cette candidature « a été présentée sous forme de proposition de candidature émanant de tierces personnes, et non sous forme de demande manuscrite émanant et signée de lui».
L'argument du Comité de contrôle (organe en charge des élections au FPI), selon lequel les statuts du parti autorisent tout militant à « émettre une proposition de candidature », a de ce fait, été balayé par le juge.
Des arguments qui déplaisent aux acteurs de la vie politique ivoirienne. Certains d’entre eux se prononcent sur la question.
Fustigeant une décision «inédite dans l'histoire politique de la Côte d'Ivoire», Hubert Oulaye, président du comité de contrôle du parti, a dénoncé auprès des confrères de l'AFP une «intrusion de l'Etat dans le fonctionnement du FPI et la décision de justice».
De son côté, Ferro Bally, journaliste et analyste politique, soutient que cette décision de justice va davantage attiser les clivages entre les deux tendances qui s'affrontent au sein du FPI.
Ces déchirements internes ont été illustrés récemment par l'annulation du congrès du FPI sur une décision de la justice, qui avait été saisie par le camp Affi N'Guessan. Le congrès devait précisément élire le nouveau président du parti.
Les fidèles de M. Gbagbo font de la libération de leur champion «le cœur de la stratégie de lutte du parti », tandis que le camp rival aspire à s'investir dans le jeu politique et à participer à la prochaine présidentielle derrière Pascal Affi N'Guessan qui prétend vouloir également lutter pour la libération du fondateur du parti toujours détenu à la Haye.
En attendant, le procès de Laurent Gbagbo est prévu pour 2015. Il sera jugé pour «crimes contre l'humanité» dont il serait l’auteur lors des affrontements de la crise postélectorale de 2010-2011.
L. Agbenou