La dépouille mortelle d’Ahmadou Kourouma a été accueillie avec révérence à l’aéroport Félix Houphouët Boigny par plusieurs personnalités de la Côte d’Ivoire. Pour le ministre de la Culture et de la Francophonie, c’est un honneur, que l'écrivain ivoirien retrouve son pays.
«Au moment où le corps d'Ahmadou Kourouma revient en Côte d'Ivoire, sur sa terre natale, je voudrais, au nom du ministère de la Culture, au nom du gouvernement, m'incliner de façon pieuse devant sa dépouille pour lui dire toute la fierté que les Ivoiriens ont pour l'avoir eu comme écrivain », a-t-il déclaré pour accueillir la dépouille mortelle.
Pour le ministre de la Culture, « le chef de l'Etat et le gouvernement doivent à Ahmadou Kourouma des hommages liés au service qu'il rendu à la Côte d'Ivoire, tant dans ses fonctions de banquier, de financier que d'écrivain ». Une célébration qui vient à point nommé pour la veuve de l’écrivain. « Il voulait qu'on l'enterre ici. C'était son souhait. Je suis tellement émue, heureuse qu'il revienne. La famille est très contente, nous sommes honorés et fiers. Pour nous, c'était un grand homme ; pour moi, c'était un mari extraordinaire », s’est ému Christiane-Angèle Kourouma.
«Je pense que les textes d'Ahmadou Kourouma reviennent sur cette nécessité pour le défunt de retourner à la terre pour pouvoir se régénérer et devenir source de vie. Donc, pour moi, ce retour est une forme de renaissance », a commenté Henri N'Koumo, directeur du livre et de la lecture au ministère de la Culture.
Né en 1927 à Boundiali, au Nord de la Côte d’ivoire, l'écrivain ivoirien d’origine malinké, a suivi des études à Bamako au Mali. De 1950 à 1954 (pendant la colonisation française), il a été «tirailleur sénégalais» en Indochine avant de rejoindre la métropole pour suivre des études de mathématiques à Lyon en France.
En 1960, lors de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, il revient vivre dans son pays natal mais est très vite inquiété par le régime du président Félix Houphouët-Boigny. Il connaît la prison avant de partir en exil dans différents pays, en Algérie (1964-1969), Cameroun (1974-1984) et Togo (1984-1994) avant de revenir vivre en Côte d’Ivoire où il servi à la Société générale de banque (Sgbci). Ses expériences lui ont également permis d’occuper d’autres fonctions dans différents pays.
Grâce à ses écrits, son engagement et son utilisation de la langue française, Ahmadou kourouma est reconnu aujourd'hui comme l'un des plus grands écrivains africains de la langue française.
Il est titulaire de plusieurs Prix comme le Prix Renaudot 2000 (un des Prix les plus importants en France), le Prix Goncourt des lycéens 2000, le Prix Amerigo Vespucci 2000 et le Prix Inter en 1999. Kourouma a laissé derrière lui, une veuve, quatre enfants et une quantité d’ouvrages.
Les Soleils des indépendances ; Monnè, Outrages et défis ; En attendant le vote des bêtes sauvages ; Allah n'est pas obligé ; Quand on refuse on dit non ; Le Diseur de vérité sont entre autre des œuvres qu’il a publiées.
PIERRETTE AMAH