« Comme on le dit, les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine, avec Afrique du Sud en plus, ndlr) sont des marchés nouveaux. Donc, nous nous employons à corriger les erreurs du passé et à pouvoir les pénétrer de manière beaucoup plus intelligente en prenant en compte ce volet qui est donc le volet de la transformation locale et le volet partenariat », a souligné dans un entretien à Xinhua le ministre du Commerce, Luc Magloire Atangana. Pays d'Afrique centrale d'une population estimée à quelque 20 millions d'habitants dont 60 à 70% sont essentiellement occupés par l'agriculture, d'après les statistiques officielles, le Cameroun, bien que pivot de sa région, présente une architecture économique et commerciale se caractérisant par l'exportation des matières premières brutes, qui ne permet pas de remédier au déficit chronique de la balance commerciale. D'après le bureau sous-régional de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), l'attrait des investissements directs étrangers (IDE), considérés comme une d'investissement et de croissance indéniable pour les pays africains, reste très faible dans le pays, avec moins de 5% d'apport au produit intérieur brut (PIB).
« Le commerce, c'est au service du développement, au service de la croissance économique. C'est cela la nouvelle approche que les autorités politiques camerounaises développent vis-à-vis de leurs partenaires, la Chine notamment qui pour nous est un marché extrêmement important », assure le ministre du Commerce. Pour témoigner de cet engagement, il mentionne l'organisation envisagée cette année d'une nouvelle édition des Journées économiques et commerciales (JEC) à New York et Miami aux Etats- Unis, à Brasilia au Brésil, à Casablanca au Maroc et à Lagos au Nigeria, après les premières éditions organisées dans ce pays voisin en décembre 2009 à Calabar (Sud-Est) et rééditées en 2010 à Kano (Nord) et Port-Harcourt (Sud-Est). Selon Mbarga Atangana, ce déploiement vise, d'une part, à préparer l'avènement d'une zone de libre-échange (ZLE) en Afrique à l'horizon 2017, un objectif fixé par le dernier sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) fin janvier à Addis-Abeba, au siège de l'organisation en Ethiopie.
« Le Cameroun, soutient-il, a vocation à être au devant de la scène, à être dans le peloton de tête pour cette opération de libéralisation des échanges au sein de la région ». Une autre explication de la nouvelle orientation de la politique commerciale réside dans la croissance de la population mondiale, célébrée comme une opportunité d'affaires extraordinaire. Les prédictions d'experts soutiennent en effet qu'au rythme de la tendance de l'évolution de la population mondiale il sera requis une croissance de 70% de la production agricole pour être à mesure de nourrir le monde.
Sur ce point, le ministre du Commerce est formel : « Le Cameroun peut apporter beaucoup, d'abord au niveau sous-régional le Cameroun est naturellement le grenier de la sous-région Afrique centrale. Donc, nourrir la sous-région de l'Afrique centrale, s'étendre à l'Afrique de l'Ouest et de manière globale au reste du continent. C'est cela l'ambition légitime du Cameroun et nous en avons très largement les moyens ».
Sur une superficie totale de 475.442 km2, environ 14% est constituée de terres arables, dont d'ailleurs 10% seulement sont en production, selon des sources officielles. Avec le reste du monde en fait, le Cameroun entend diversifier ses partenariats en vue d'élargir au mieux son assiette d'exportations et, surtout, susciter un plus grand attrait d'investissements directs étrangers. Ce qui suppose de renforcer la capacité de production, celle d'approvisionner les marchés à conquérir en développant des partenariats, insiste Luc Magloire Mbarga Atangana.
L'ambition affichée induit par ailleurs de sortir du « système classique propre aux produits de rente qui consiste à exporter des produits bruts, pour pouvoir donner de la valeur ajoutée à nos produits, c'est-à-dire les transformer, tout au moins pour partie localement et les exporter soit en produits finis ou en produits semi-finis ».
C'est un réajustement découlant des faiblesses de la coopération ancienne avec l'Union européenne « qui reposait de manière principale sur les échanges, à savoir la mise en place d'un système asymétrique qui faisait que les produits issus du Cameroun et des pays à l'origine EAMA (Etats africains, malgaches et associés) et plus tard Afrique, Caraïbes et Pacifique, entraient sur le marché européen en franchise de droits et sans restriction quantitative ».
« Quand on fait le bilan, sans dire qu'il ne nous a pas profité, on peut tout simplement considérer que, à partir du moment où le volet développement, le volet mise en place des infrastructures (infrastructures de transport, davantage d'ailleurs développement des infrastructures de production) n'a pas pris l'ascendant sur le reste, nous n'avons pas eu grand-chose à offrir à ce marché en dépit des avantages qui nous étaient concédés », avoue le ministre. Selon lui, « c'est ça qui fait aujourd'hui que nous avons un déficit de production et des difficultés à accéder comme partenaire plein au système commercial multilatéral tel qu'il est aujourd'hui organisé autour de l'Organisation mondiale du commerce. Aujourd'hui, nous avons pratiquement le même type d'accord avec les Etats-Unis d'Amérique au travers de l'AGOA, mais encore faut- il que nous soyons à même de satisfaire ce marché de 310 millions de consommateurs ».