Cinq mois après l’incendie du marché central de Bujumbura : Le marché provisoire promis n’est pas encore prêt

Afriquinfos Editeur
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Sur le terrain situé près de l’ex- Complexe textile du Burundi, COTEBU, des ouvriers s’activent. La toiture en tôles ondulées étant presque terminée, les ouvriers sont en train d’élever des murs sous forme de cloison pour séparer différents compartiments et quartiers de ce nouveau marché. Les allées ne sont pas prêtes. Et pour permettre aux ouvriers d’avoir de l’eau en suffisance, des robinets ont été installés sur place. La clôture n’est pas non plus encore construite.

Pour ce qui est des sanitaires, Jean Paul Mpawenimana, l’ingénieur chargé des travaux, souligne que les déchets seront canalisés dans des égouts publics à destination de la station d’épuration. Et cela entre, précise-t-il, dans le cadre de la protection de l’environnement. Le président de l’association Action Ceinture Verte pour l’Environnement (ACVE), Albert Mbonerane, avait justement déjà lancé un appel pour la protection de la rivière Ntahangwa située juste à côté de ce nouveau marché.

Entretemps, tous les anciens locataires du marché central de Bujumbura ne se sont pas encore installés ailleurs. Ceux qui ne sont pas tombés en faillite ont déjà érigé de nouveaux stands au centre-ville, d’autres se sont contentés des marchés périphériques de Bujumbura.

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Quant aux vendeuses de fruits qui occupaient la place communément appelée ‘’Grenier du Burundi’’ situé au nord du marché incendié, elles ont littéralement pris en assaut les trottoirs des avenues et boulevards du centre ville devant des banques, des magasins, des hôpitaux, des écoles,… Et là, la vie est presque intenable. Elles sont obligées de tenir sous un soleil accablant ou sous la pluie quand les policiers ne viennent les chasser ou confisquer leurs marchandises.

D’après l’Ingénieur Jean Paul Mpawenimana, ce marché compte environ 2.500 places et s’étend sur une superficie de 1,9 ha. L’aile Nord-Ouest est réservée pour une pharmacie, un centre de santé et une prison alors que l’aile Est est constitué des sanitaires en cours de construction.

Il faut noter qu’après l’incendie du marché central de Bujumbura, se confiant à la presse, Cyprien Horugavye, ex-représentant de la Société de Gestion du marché central de Bujumbura (SOGEMAC) avait indiqué qu’il y avait 2.500 stands tout en précisant qu’un même stand peut loger plusieurs commerçants. C’était mardi, le 29 janvier 2013 avant son incarcération à la prison centrale de Mpimba.

Le coût de ce marché s’élève à plus d’un milliard de francs burundais. Et selon le porte-parole de la deuxième vice-présidence, cet argent vient en grande partie, des fonds déjà collectés pour venir en aide aux victimes de l’incendie du marché central de Bujumbura.

Du côté des commerçants réunis au sein de la Sygeco (Syndicat général des commerçants du Burundi), les travaux n’avancent pas et la gestion de ce nouveau marché n’est pas transparente. Audace Bizabishaka, président du Sygeco indique que dès le début des travaux, ce syndicat a demandé d’être associé en vain. Il signale par ailleurs que ce marché est trop étroit par rapport au marché ravagé par le feu. Il qualifie les mesures prises par la commission mise en place par la 2ème vice-présidence de restrictives : « C’est entre autres la présentation du NIF (n° d’identification fiscale) et le registre de commerce pour avoir une place dans ce marché ».

Rappelons que le 27 janvier 2013, le marché central de Bujumbura a pris feu. La police de protection civile a été incapable de maîtriser cet incendie. La population a assisté impuissante à la destruction de l’un des poumons de l’économie du pays. N’eût été l’intervention d’un hélicoptère dépêché par Kigali, la capitale rwandaise pour maîtriser cet incendie, des stations d’essence, des Banques, des magasins, … environnants allaient subir le même sort. Et suite à cette catastrophe, le président de la République en visite officielle à Addis-Abeba en Ethiopie, a dû écourter son séjour.