Xinhua : Dans quelles conditions vivent les déplacées d 'Ufamandu et de Zuralo présents à Lumbishi, Numbi et Shanje, en province du Sud-Kivu ?
Annick Bouvier : Il s'agit d'un déplacement massif de populations d'Ufamandu (territoire de Masisi) et Ziralo ( territoire de Kalehe). Ces familles déplacées ont fui les combats au cours des derniers mois. Elles ont été accueillies par des familles des hauts plateaux de Numbi, territoire de Kalehe, sans forcément avoir des liens de parenté avec ces dernières. D'autres sont dans des conditions précaires de logement (manque d'abris). La sécurité dans la zone reste précaire. La grande majorité des acteurs humanitaires présents dans la région ont concentré leur réponse sur Minova où se trouvent la plupart des déplacés de la zone de Kalehe. Le CICR a, pour sa part, décidé de se rendre dans les zones les plus reculées et peu accessibles par d'autres acteurs humanitaires.
Xinhua : Est-ce que votre assistance est la première aide humanitaire destinée à ces déplacés ?
Annick Bouvier : Cette assistance en vivres constitue la première distribution directe pour ces 2000 familles déplacées dans les hauts plateaux de Numbi. Les bâches leur permettent de couvrir leurs abris de fortune. II faut noter que la situation de ces 2 000 familles déplacées ne constitue hélas qu'un exemple parmi d'autres au Sud Kivu.
Xinhua : La ration que vous avez donnée est pour deux semaines, avez-vous encore d'autres projets dans le même carde d'assistance en faveur de ces déplacés ?
Annick Bouvier : Il s'agit d'une assistance d'urgence pour parer aux besoins les plus pressants, afin de permettre à ces familles d'avoir un certain temps pour développer leurs propres mécanismes de survie. Le CICR cependant réévaluera la situation.
Xinhua : Avant d'assister ces déplacés, avez-vous aussi donné la ration aux militaires?
Parce que les déplacés sont parfois victimes des vols par les forces armés (groupes armés) après la distribution de vivres par les humanitaires.
Annick Bouvier : Avant chaque distribution, des efforts de communication opérationnelle sont entrepris auprès des porteurs d'armes de la zone concernée. Il s'agit d'informer que de l'aide d'urgence est prévue pour la population civile et que cette dernière doit être respectée. Il n'est pas du ressort du CICR d'alimenter des porteurs d'armes. Lors de ces contacts avec les porteurs d'armes, un des messages clé véhiculés par le CICR est le suivant "les populations et leurs biens doivent être protégés et respectés". Par ailleurs, afin d'améliorer la sécurité des bénéficiaires après la distribution, des équipes CICR et volontaires de la Croix-Rouge de la RDC sont présents sur les axes, en moto ou à pied.
Du 30 au 31octobre, le CICR a distribué à près de 2000 familles à Kalungu dans le Sud-Kivu, où chaque famille a reçu, 30 kg de farine de maïs, 10 kg de haricot, 5 litres d'arachide et 500 grammes de sel à lui permettront de couvrir ses besoins alimentaires pendant deux semaines et de faire face à ses besoins.
Les conflits armés qui opposent les groupes armés à l'armée nationale congolaise dans l'est de la RDC, poussent la population à se déplacer dans les camps pour y trouver une securité afin d'être protégée contre les exactions commises par les groupes armés. La situation humanitaire demeure toujours préoccupante dans cette province à cause des déplacements réguliers de la population.