Une opération conjointe de l'ambassade de Chine et de l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) qui abrite en son sein un institut Confucius, le forum sur les "enjeux et perspectives de la coopération sino-africaine", comme celui tenu en décembre 2011 sur les "défis et opportunités" de cette coopération, s'est inscrit dans une dynamique de propositions pour une relation davantage mutuellement bénéfique entre l'Afrique et son partenaire chinois.
Dans un constat d'agitation d'acteurs non africains autour de cette relation qui d'ailleurs n'est pas perçue d'un bon oeil par ces derniers, le professeur Jean Emmanuel Pondi pense que "nous observons que beaucoup d'entre eux viennent en Chine précisément dans le but de parfaire leurs relations avec la Chine. Il n'y a pas de raison de nous suggérer le contraire tout en posant le même geste pour eux". "Il faut que les Africains aujourd'hui arrivent à déterminer quel est leur intérêt, parce que c'est la détermination de l'intérêt de l'Afrique (par elle-même, ndlr) qui doit dicter la conduite de l'action de l'Afrique et non la détermination de l'intérêt de l'Afrique par les autres", a argumenté l'universitaire à Xinhua. Comme lui, Dr Nolla Noug reconnaît que le partenariat entre la Chine et l'Afrique constitue un important moyen pouvant permettre au continent noir de se positionner et de retrouver une place certaine sur l'échiquier international.
Mais pour cela, a cependant indiqué celui-ci, "il faut qu'il y ait au préalable cette volonté non pas en termes de déclarations, (plutôt) par les actes pour que les orientations de l'Afrique puissent être reconnues d'abord par les autres et acceptées comme telles".
Pour cet autre enseignant des relations internationales,la coopération sino-africaine nécessite aujourd'hui de dépasser son caractère traditionnel de coopération d'Etat à Etat pour intégrer une dimension décentralisée, c'est-à-dire axée vers des forces vives en Afrique qui, de leur action de terrain, contribuent à mettre au jour les attentes et les sollicitations de la population.
Tout en saluant la mise en place des initiatives telles le China Africa Business Forum, la rencontre des jeunes africains et chinois ou celle des "think tank", Nolla Noug suggère la création d'"un certain nombre de mécanismes supplémentaires qui vont permettre d'englober toutes les dimensions de cette coopération qui est riche et dynamique, qui est vitale aujourd'hui pour l'Afrique et aussi pour la Chine".
De son côté, Dr Armand Elono estime que la Chine ayant indiqué la voie de sa collaboration avec l'Afrique, dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FSCA), l'Afrique gagnerait à son tour à construire la manière dont elle va recevoir ce référentiel politique du développement chinois basé sur la coopération tous azimuts sur tous les plans.
"L'Afrique, préconise-t-il, devrait pouvoir dire à ses amis chinois qu'elle a besoin de deux éco-conditions en tant qu'universalité de visées pour se développer. La première, c'est que nous sommes obligés de nous développer. La deuxième, c'est que nous sommes obligés de nous développer en tant que responsables de l'avenir non seulement de l'Afrique, mais aussi des Chinois".
De l'avis de l'internationaliste qui appelle à la prise en compte des enjeux environnementaux, cela signifie que "dans mille ans, je voudrais que les jeunes Chinois et Chinoises puissent savoir qu'il y a quelque part dans le monde un endroit où on peut encore voir des rhinocéros, des éléphants, des okapis, des lions, et aussi des mohingas, des baobabs et j'en passe".
Défenseur des luttes de décolonisation jadis menées par des pays africains pour accéder à leur souveraineté, la Chine, se réjouissent ces différents panélistes, a gagné en sympathie auprès de l'opinion publique africaine en s'imposant comme un acteur clé dans l'accompagnement des gouvernements de leurs efforts de sortir les populations du continent de la pauvreté et du sous- développement.
Désormais son première partenaire commercial devant les Etats- Unis et la France, la Chine évalue le volume de ses échanges avec l'Afrique à plus de 160 milliards USD en 2011, contre 10 milliards USD en 2000, année de lancement du FSCA. L'investissement direct, dont le continent se présente d'ailleurs comme la quatrième destination, s'accumule à 14,7 milliards USD.
"La Chine a accordé le tarif douanier zéro en faveur de 28 pays africains les moins développés au titre de 4.762 catégories de produits. Il y a déjà plus de 2.000 entreprises chinoises installées en Afrique", a rappelé l'ambassadeur Xue Jinwei, pour qui également la contribution de la coopération sino-africaine à la croissance économique africaine se situe à plus de 20% depuis des années.
Depuis 2006, a par ailleurs mentionné le diplomate chinois, la Chine a octroyé des prêts préférentiels de 15 milliards USD destinés essentiellement aux secteurs de l'infrastructure et du développement social, dont presque 80% émis par la banque chinoise.
"Depuis ces trois dernières années, a-t-il poursuivi, la Chine a réalisé 113 projets complets à titre d'assistance, fourni 157 séries de matériels ; accordé 13 aides financières et assuré 66 projets de coopération technique".
De 2003 à 2012, fait encore savoir Xue Jinwei, la Chine a aussi formé pour les pays africains 50.000 personnes de divers milieux. Elle a construit en Afrique 150 écoles, 30 hôpitaux, 30 centres anti-paludisme et 20 centres pilotes caractéristiques des techniques agricoles.
Autant d'acquis remarquables du FSCA qui, de l'avis du diplomate, augurent d'une coopération plus encore prometteuse.