Bangui (© Afriquinfos 2016) – L’Organisation des nations unies (ONU) tire la sonnette d’alarme sur la situation en Centrafrique. Elle appelle les donateurs à venir en aide à la population. Environ 400 millions de dollars sont demandés pour les besoins de l’année 2017.
Pour Fabrizio Hochschild, le Coordonnateur de l’action humanitaire en Centrafrique, la situation actuelle est imputable à la pauvreté chronique et les conflits. Vu l’urgence, lors d’un déplacement effectué à Genève (Suisse) avec Virginie Baikoua, ministre centrafricaine des Affaires sociales et de la Réconciliation nationale, ils ont demandé aux pays donateurs de rassembler 399 millions de dollars.
Ce montant s’ajoutera aux 2,2 milliards de dollars (environ 2 milliards d’euros) promis par des donateurs internationaux au début du mois à Bruxelles dans le cadre du Programme quinquennal national de relèvement et de consolidation de la paix en Centrafrique. «Pour que la paix revienne, il faudrait qu’il y ait vraiment une stabilité», a-t-elle indiqué. Virginie Baikoua a ajouté que dans son pays, «la situation humanitaire est préoccupante» et qu’il «ne faut pas oublier le volet humanitaire».
De son côté, le Coordonnateur de l’action humanitaire s’est montré très alarmiste. Selon lui, environ la moitié de la population est en proie à l’insécurité alimentaire. A cela s’ajoutent 40% des enfants de moins de 3 ans qui souffrent de la malnutrition chronique. Toutefois, il reste optimiste. «Nous pensons aussi que c’est un pays qui peut se redresser et qui a pris de très importantes décisions dans cette direction», a-t-il affirmé en faisant allusion à la dernière élection présidentielle.
Un pays, une souffrance sans fin
La Républicaine centrafricaine sort difficilement du chaos de la guerre civile (de 2013), suite au renversement de l’ex-président François Bozizé par des rebelles séléka, majoritairement musulmans. Ce qui avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka, majoritairement chrétiennes. L’intervention de la force française Sangaris (sa mission a pris fin en octobre dernier) et de la force de l’ONU (Minusca – 12.000 hommes toujours déployés) a permis de mettre fin aux massacres, mais n’a pas réussi à stabiliser la situation sécuritaire.
Lors de la Conférence des donateurs qui a réuni plus de 80 délégations ce mois de novembre 2016, des représentants de l’ONU et de la Banque mondiale, Federica Mogherini (chef de la diplomatie de l’Union européenne) avait laissé entendre qu’ «il y a seulement trois années, la République centrafricaine était au bord du gouffre. Mais le peuple centrafricain a tourné la page. Il a accompli des progrès impressionnants avec le soutien de la communauté internationale. La République Centrafricaine s’est fièrement tournée vers la démocratie et l’Etat de droit». Cependant, elle avait relativisé. «Les progrès en République Centrafricaine n’iront pas de soi. Les défis demeurent immenses. La moitié de la population centrafricaine dépend encore de l’aide humanitaire pour survivre. Plus de 380.000 hommes, femmes et enfants sont déplacés à l’intérieur du pays, et des milliers de Centrafricains se trouvent encore dans les pays voisins», avait-elle indiqué.
«Je m’engage à ne pas décevoir les attentes (…), à veiller à l’utilisation judicieuse rigoureuse du fruit de l’expression de votre solidarité et de votre générosité», avait déclaré Faustin Touadéra le président centrafricain. Mais, depuis cette rencontre des donateurs, les pays donateurs peinent à honorer leurs engagements. Ce qui a obligé l’ONU à tiré la sonnette d’alarme sur la famine qui se profile à l’horizon pour ce pays meurtri par la guerre civile et classé parmi les Etats les plus pauvres du monde.
Anani GALLEY