Un des dossiers cruciaux de cette rencontre extraordinaire organisée en présence de cinq des six chefs d’Etat de la CEMAC, hormis le Camerounais Paul Biya représenté par son Premier ministre Philemon Yang, la délocalisation provisoire du siège de la Commission avec d’autres oragnes de la CEMAC avait été préconisée à cause de la dégradation de la situation sécuritaire en Centrafrique.
Un rapport des ministres de l’UEAC publié en avril avait jugé critique le sort des personnels de ces institutions victimes de pillages, agressions et vols subi dans la foulée de la prise du pouvoir des ex-rebelles de la Séléka le 24 mars à Bangui. Après trois jours de débats houleux d’une nouvelle réunion, cette instance a enregistré plutôt une impasse sur ce projet de délocalisation lundi à Libreville.
Une position déjà avancée par des sources proches de certains de ces chefs d’Etat parallèlement aux manoeuvres du Gabon et de la Guinée équatoriale favorables au transfert de siège dans leurs capitales respectives, le sommet des chefs d’Etat tenu vendredi « a décidé du principe du retour à Bangui de l’ensemble de ces institutions, notamment la Commission de la CEMAC », d’après le communiqué final obtenu par Xinhua.
Réunis en marge de la deuxième édition du New York Africa, un forum économique organisé depuis 2012 dans la capitale gabonaise, ces leaders ont certes affirmé avoir « pris acte des conséquences de la situation en République centrafricaine sur le fonctionnement de la Commission de la CEMAC et des institutions communautaires à Bangui ».
Mais, mentionne leur communiqué final rendu public au terme de plusieurs heures de session plénière et de huis clos, « la conférence a souligné l’impérieuse nécessité pour la CEMAC de continuer à apporter son aide à cette République soeur et à ses nouvelles autorités, dans leurs efforts de restauration et de renforcement de la stabilité intérieure ».
Lançant par ailleurs « un appel à la communauté internationale afin que celle-ci soutienne le processus de transition démocratique en cours dans ce pays », les chefs d’Etat de la CEMAC ont affirmé s’engager « à renforcer la sécurité à Bangui, conformément à leur précédente décision ».
Ils ont à cet effet décidé d’un soutien de 25 milliards de francs CFA à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), organisation régionale composée, en plus des six membres de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA et Tchad), en outre de l’Angola, du Burundi, de la République démocratique du congo (RDC) et de Sao Tomé & Principe.
Face à l’anarchie en RCA depuis l’arrivée au pouvoir de l’ex- rébellion de la Séléka dont le leader Michel Djotodia, désigné chef de l’Etat pour une tranistion de dix-huit mois, a pris part pour la première fois à un sommet de la CEMAC, la CEEAC a décidé d’augmenter jusqu’à 2.000 hommes les effectifs de sa force déployée dans ce pays depuis une dizaine d’années et qui a été mise à mal par le conflit entre le régime du président centrafricain déchu François Bozizé et la Séléka.
La décision des chefs d’Etat pour le maintien du siège de la Commission de la CEMAC ne soulève cependant pas d’enthousiasme chez les personnels de cette institution et ceux des autres organes communautaires basés dans la capitale centrafricaine.
Autre sujet débattu, une déclaration de principe a été annoncée au sujet de l’épineuse question de la libre circulation des personnes qui continue de se heurter aux réticences gabonaises et équato-guinéennes, alors que les quatre autres pays de la CEMAC ont institué depuis 2006 un passeport communautaire qui exempte à leurs ressortissants respectifs de l’obtention du visa pour se rendre dans chacun d’entre eux.
« S’agissant de la libre circulation des personnes, la conférence a décidé de généraliser cette mesure dans tous les Etats de l’espace CEMAC à compter du 1er janvier 2014, sur la base des documents sécurisés (carte nationale d’identité et passeport) », s’est contenté de souligner le communiqué final du sommet.
Le Cameroun et la RCA ont fait d’autres progrès sur ce dossier en émettant des specimens de passeport numérique sécurisé qui ont été validés par Interpol, de source proche de la CEMAC. Une première échéance de janvier 2010 avait déjà été fixée de commun accord par les six pays pour l’émission d’un tel passeport, mais le Gabon et la Guinée équatoriale persistent dans leur dilatoire.
C’est l’une des causes des retards de l’intégration économique en Afrique centrale.