La saison a pourtant été marquée par de graves inondations entre août et octobre 2012 dans les trois bassins de production du coton de ce pays d'Afrique centrale, à savoir les régions du Nord, de l'Extrême-Nord et de l'Adamaoua, où d'importantes surfaces d'exploitation ont été dévastées par la pluie, laissant craindre une remise en cause des prévisions de production. "A part les inondations, le coton a bien produit par rapport aux années antérieures. On a déjà collecté 190.000 tonnes vendues ( auprès de la SODECOTON, unique centrale d'achats basée à Garoua, la principale ville du Nord, NDLR). C'est un grand succès pour nous les producteurs", a rapporté à Xinhua Oumaté Ousmane, le président de la CNPCC.
La campagne va bientôt s'achever. La clôture est annoncée entre le 15 et 20 avril, soit plus d'un mois de commercialisation encore qui permet à M. Ousmane d'établir à un minium de 45.000 tonnes les prochains achats, pour porter la production nationale à environ 235.000 tonnes pour lexercice 2012-2013, proche des prévisions initiales de 240.000 à 250.000 tonnes. C'est aussi une hausse par rapport à une évaluation à 227.000 tonnes faite en novembre à la suite des inondations. Largement supérieure aux 180.000 tonnes de 2011-2012, aux 162.000 tonnes de 2010-1011 et aux 111.000 tonnes de 2009-2010, d'après les statistiques officielles, cette belle performance traduit une remontée de la filière après une période de morosité due au découragement des producteurs consécutif à la chute des cours mondiaux en 2007. Pour justifier l'embellie, plusieurs facteurs sont avancés, dont l'assainissement et la professionnalisation de la filière, qui bénéficie en outre du soutien des pouvoirs publics.
"On a nos animateurs et nos contrôleurs sur le terrain qui assurent une bonne formation et une bonne communication. Presque 50% des producteurs deviennent professionnels", informe Oumaté Ousmane. Après une purge en 2010, le nombre de producteurs a été ramené de 350.000 à 250.000 avant de rebondir à 270.000 en 2012.
La mise à l'écart a surtout concerné des personnes jugées coupables de vente directe de leur coton à l'extérieur du pays, notamment au Nigeria voisin, une activité considérée comme étant illégale aux yeux des autorités qui tiennent à la régulation d'une filière d'exportation de produits de base stratégique, au même titre que le cacao et le café. "Les gens qui ont amené leur coton à l'extérieur, on les a écartés. Parce qu'à cause d'eux, la CNPCC a plus de 2 milliards de francs CFA (4 millions USD) d'impayés. Pour qu'on les réintègre, il faut qu'ils remboursent d'abord leurs dettes", affirme le président de la Confédération nationale des producteurs de coton, organisme également basé à Garoua, d'ailleurs dans la même zone que la SODECOTON.
Le même mesure d'exclusion a été appliquée aux "gens qui revendaient les engrais. Ce n'est pas normal que le ministère de l'Agriculture subventionne les engrais et les planteurs les revendent." A travers le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, le gouvernement camerounais octroie effectivement des subventions de 4.000 francs CFA (8 USD) par sac d'engrais de 50 kilos et par producteur, en plus des financements pour le fonds de roulement relatif à l'achat de ces engrais. Mais, "pour bien augmenter la production, il faut des tracteurs. On a soumis une demande à ce sujet au ministère de l'Agriculture", révèle en outre Oumaté Ousmane, qui dit aussi souhaiter une mise à disposition gratuite des semences. Sauf que, reconnaît-il du reste, "la SODECOTON ne peut pas donner la semence gratuite, parce qu'elle a ses huileries".
Le schéma de production de cette entreprise à capitaux publics indique que les fibres représentent 42%, contre 54% de coton- graine répartis par ailleurs entre 10% réservés pour la semence et 90% à l'huilerie dont la capacité de production est établie à 120. 000 tonnes de graines par an, pour un potentiel de 21 millions de litres d'huile raffinée et 80.000 tonnes d'aliments de bétail. D'après les témoignages, la production de coton au Cameroun est basée sur deux variétés de semences nouvellement introduites, Irma L484 et Irma L457, décrites comme étant à haut rendement et résistantes aux aléas climatiques.
Officiellement, de 805 kilos par hectare en 2007-2008, le rendement au champ est passé à 1.245 kilos par hectare en 2011- 2012 pour le coton-graine. De 331 kilos par hectare en 2007-2008, la courbe pour les fibres affiche 523 kilos par hectare en 2011-2012.
"On a eu des semences améliorées, délintées qu'on a généralisées dans toute la zone de production", souligne M. Ousmane. Malgré ces efforts, le Cameroun reste encore loin du formidable résultat de 360.000 tonnes de la saison 2006-2007.