Cités dans un scandale financier concernant l'acquisition avortée d'un avion présidentiel du nom de l'Albatros au début des années 2000, l'ex-Premier ministre Ephraim Inoni et l'ex-ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale et de la Décentralisation Hamidou Yaya Marafa, par ailleurs ex-secrétaire général de la présidence de la République, ont été interpellés et écroués lundi à Yaoundé.
Avant eux, d'autres hauts responsables comparaissaient déjà face à la justice dans le cadre de ce dossier. Il s'agit, pour les plus importants, de Jean-Marie Atangana Mebara, autre ancien secrétaire général de la présidence, Jérôme Mendouga, ex-ambassadeur du Cameroun à Washington aux Etats-Unis, et Yves Michel Fotso, ex-directeur général de Cameroon Airlines (Camair, défunte compagnie nationale de transport aérien).
Pour le SDF dans sa déclaration publiée vendredi par la presse, "l'affaire de l'avion présidentiel pose dramatiquement le problème de la gouvernance judiciaire et surtout de la gouvernance au plus haut sommet de l'Etat". "Pour ce qui concerne la gouvernance judiciaire, la discrimination dans les interpellations et les incarcérations opérées (…) ne sauraient se justifier dans une République qui se respecte".
Le parti pointe, sans les citer "des personnes reconnues coupables de lourdes fautes de gestion qui sont libres alors que d'autres croupissent en prison sans jugement depuis plus de 4 ans. Et quand bien même elles sont jugées, il n' est pas sérieux que des accusations de détournements de 50 milliards FCFA au départ soient ramenés à moins de 100 millions FCFA dans les juridictions d'appel".
Condamné au remboursement d'un déficit de gestion de plus deux milliards de francs CFA par le Contrôle supérieur de l'Etat, l'ex-directeur général de la Cameroon Radio and Television (CRTV, office de radio et télévision gouvernemental) Gervais Mendo Ze ne fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire.
Le SDF accuse le pouvoir de Yaoundé de vouloir distraire, à travers les nouvelles arrestations, l'opinion après l'adoption trois jours auparavant par l'Assemblée nationale du Code électoral unique présenté par les autorités comme une avancée démocratique mais rejeté par l'opposition. "Une véritable chambre à gaz électoral", s'indigne le SDF qui en a boycotté le vote.
Selon la formation de l'opposant historique Ni John Fru Ndi, le scandale de l'Albatros "ainsi que bien d'autres constituent certainement une des innombrables causes de la non création" de la Haute Cour justice, inscrite dans la Constitution de 1996. C'est le seul parti jusqu'ici à prendre position sur cette actualité diversement appréciée au sein de la population.