Quelle est la situation générale des personnes âgées au Burundi ?
Très critique. Les personnes âgées, c’est-à-dire de 60 ans et plus, ont du mal à joindre les deux bouts. Selon un vieil adage, « le lapin en âge de vieillesse vit au dépens de ses enfants ». Autrement dit, les enfants doivent prendre soin de leurs parents, surtout en âge de vieillesse. C’était vrai, il y a quelques décennies. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
De nos jours, des fils maltraitent leurs parents ou les assassinent. Ou encore, ils souhaitent leur mort dans l’espoir de récupérer leurs richesses ou de se partager un lopin de terre. Les Burundais en âge avancé sont obligés de travailler dur pour survivre. Ils ne profitent plus de l’affection de leurs petits-fils ou petites-filles. Leur quotidien est fait de solitude, d’isolement total.
Ils se retrouvent seuls dans les campagnes, abandonnés par les plus jeunes qui préférent émigrer en milieu urbain. En ville, certains de nos « anciens » sont réduits à la mendicité, dorment à la belle étoile…
Quels sont les principaux problèmes que ces « anciens » rencontrent dans leur vie quotidienne ?
Ils sont très vulnérables, touchés par la cécité, dévorés par les chiques, souffrent, pour certains, de l’éléphantiasis, surtout dans les provinces septentrionales, comme Kirundo et Ngozi. Ils n’ont pas d’accès aux soins de santé alors que la plupart d’entre eux n’ont aucune source de revenu. Ils se font parfois dépouiller dans la rue par des malfrats…
Dans certains cas, on les spouçonne de parasitisme. Même les anciens fonctionnaires de l’Etat, avec leurs maigres fonds de pension, ne sont pas épargnés.
Que font donc les autorités pour rémédier à cette situation ?
Pas grand chose. Il y a des lois protégeant les mineurs. Il n’y a pas de loi spécifique protégeant les personnes âgées. Elles doivent se débrouiller pour survivre. Elles ne bénéficient d’aucun avantage lié à leur situation, comme c’est le cas, par exemple, des enfants qui entrent, eux aussi, dans la catégorie de population à charge.
Que faire pour réconforter et protéger nos « anciens » ?
Comme l’a bien souligné Amadou Hampaté Bâ, « en Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Il faut que la société reconnaisse la valeur culturelle et historique des personnes âgées. Leur rôle a été déterminant dans l’édification des sociétés africaines, en général, du Burundi, en particulier.
Elles constituent une mémoire importante dans l’histoire des pays qui ont connu tardivement l’écriture. Une loi dédiée à leur protection s’avère donc indispensable. Comme les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes bénéficient de la gratuite des soins de santé, il faut qu’on se souvienne aussi de cette catégorie pour le moins vulnérable. La communauté internationale peut aussi être d’un grand concours dans les recherches de solution à cette situation.