C’est depuis la Belgique où il a trouvé refuge que M. Pie Ntavohanyumas’est exprimé via un entretien publié sur la RFI. Dans son message, le président de l’assemblée nationale burundaise invite le chef de l’Etat à respecter la constitution.
«A la veille des élections, de ce forcing vers les élections de demain, j’aimerai attirer l’attention de son excellence le président de la République et je voudrai lui dire que son mandat vers lequel il veut aller est illégal. J’aimerai lui dire que son forcing vers les élections n’a pas de sens. Tous les médiateurs, tous les hommes de bon sens qui sont au Burundi nous conseillent de postposer ces élections pour pouvoir organiser des élections inclusives, organiser des élections consensuelles», a déclaré Pie Ntavyohanyuma dans son entretien.
Le président de l’Assemblée nationale burundaise est allé plus loin, en invitant Pierre Nkurunziza à « un sursaut, pour qu’après quelques années de pouvoir, il n’établisse pas un pouvoir qui ne respecte pas la loi, un pouvoir qui ne respecte pas la Constitution, un pouvoir qui ne respecte pas les textes fondateurs de la République, notamment l’accord d’Arusha qui avait permis de réussir ce miracle de cohabitation entre les différents groupes au Burundi ». M. Pie Ntavyohanyuma a également annoncé sa décision de ne plus retourner dans son pays du fait de «l’insécurité grandissante et du forcing vers les élections non inclusives».
C’est la troisième fuite d’un cadre du régime après celle du vice-président de la Cour constitutionnelle, Sylvère Nimpagaritse, le 4 mai dernier, suivie de celle du second Vice-président du pays, Gervais Rufyikiri, le 25 juin. Tous s’opposent à un troisième mandat du chef d’Etat, Pierre Nkurunziza.
Mercredi dernier, l’un des fugitifs, le deuxième vice-président du Burundi, Gervais Rufyikiri, avait expliqué sur France 24 qu’il avait quitté le Burundi parce qu'il n'était « plus capable de continuer à soutenir l'attitude du président de la République, sa volonté de conduire le peuple burundais sur la voie de l'illégalité ». M. Rufyikiri a également dénoncé les « intimidations et menaces » visant les opposants politiques et les membres de la société civile, en pointe contre le troisième mandat et contraints eux-aussi à « vivre dans la clandestinité ou à s'exiler ». Il a déploré également les « sanctions »infligées aux membres du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, qui, comme lui, se sont opposés à ce troisième mandat.
Mais ces départs successifs des membres du parti ne semblent nullement affecter le camp présidentiel. Malgré les violences récurrentes dans le pays et la demande de la communauté internationale de reporter ces élections,Pierre Nkurunziza reste ferme. Depuis le jeudi dernier, le président burundais s’est attelé à battre campagne pour les élections législatives prévues pour ce lundi.
Ces derniers mois, plus de 100.000 Burundais ont fui le pays en direction des pays voisins comme le Rwanda, la Tanzanie ou la République démocratique du Congo.
Selon une ONG de défense des droits de l'Homme burundaise, les violences résultant de la contestation populaire à l’issue de l’annonce du président de briguer un troisième mandat ont fait au moins 70 morts, et des centaines de blessés.
Larissa AGBENOU