Paris (© 2017 Afriquinfos) – La FIDH et la Ligue ITEKA condamnent avec la plus grande fermeté l’attaque du camp militaire de Mukoni par des hommes armés non-identifiés le 24 janvier et les opérations de représailles des autorités au sein de l’armée contre les soldats tutsi des ex-Forces armées burundaises (FAB).
Au cours de cette répression, au moins un ex-FAB a été assassiné par les services de sécurité et entre 15 et 25 autres ont été arrêtés. Certains ex-FAB ont été torturés et sont toujours détenus au secret. 20 personnes ont été condamnées, dont 18 à 30 ans d’emprisonnement, à l’occasion d’un procès expéditif tenu le 26 janvier. Cette répression ciblée laisse penser que les dynamiques génocidaires à l’œuvre au Burundi se poursuivent, dans un huit clos de plus en plus total.
Les organisations exhortent les autorités burundaises à y mettre un terme immédiat et appellent la communauté internationale à prendre ses responsabilités pour dissuader la commission de tels crimes notamment par l’adoption de sanctions ciblées et un embargo sur les armes. Alors que le Burundi a gelé depuis presque 6 mois sa coopération avec les Nations unies, la Commission d’enquête internationale des Nations unies se doit toutefois d’enquêter sur toutes les violations, notamment sur leur dimension ethnique, et d’identifier leurs auteurs.
« En l’absence de procès impartial et de preuve tangible sur les responsabilités de l’attaque du camp de Mukoni, force est de constater que les autorités burundaises mènent des actions de représailles à l’encontre des ex-FAB encore présents au sein de l’armée burundaise. Le ciblage d’ex-FAB, du seul fait qu’ils sont des militaires tutsi, constitue une opération d’épuration qui ne fait que renforcer les dynamiques ethniques de la crise burundaise.», a déclaré le président de la FIDH, Dimitris Christopoulos.
« Des agents de l’État ont encore commis des actes de barbarie en toute impunité et dans le plus grand secret. Au regard des violations commises au Burundi et en l’absence d’une justice indépendante, il revient à la Cour pénale internationale d’ouvrir rapidement une enquête sur les crimes contre l’humanité commis depuis avril 2015, afin d’y mettre un terme et de poursuivre leurs auteurs », a déclaré Anschaire Nikoyagize, président de la Ligue ITEKA.
Des enquêtes indépendantes et impartiales sont plus que jamais nécessaires pour continuer à documenter les violations graves des droits humains commises au Burundi, dont certaines sont constitutives de crimes contre l’humanité. La Commission d’enquête internationale des Nations unies sur le Burundi, mandatée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies en septembre 2016 et que nos organisations ont rencontré en janvier 2017, doit notamment s’attacher à enquêter sur la répression ciblée des ex-FAB et à identifier les auteurs de ces crimes dans le but qu’ils soient tenus responsables de leurs actes et d’enrayer l’impunité.
Les organisations rappellent que, depuis le début de la crise au Burundi, plusieurs dizaines d’ex-FAB ont été arrêtés, détenus, torturés, ont parfois disparus ou ont été exécutés. Ils sont la cible des autorités du fait de leur appartenance à l’ethnie tutsi et parce qu’ils sont perçus comme opposés au régime de Pierre Nkurunziza et aux forces qui lui sont loyales.
Innocente Nice