Burundi : Deux experts appellent à suspendre la privatisation de la filière café

Afriquinfos Editeur
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Le Burundi "est en train de réformer la filière café d'une manière qui risque de déstabiliser les moyens de subsistance d'un grand nombre de petits producteurs", a indiqué jeudi dans un communiqué le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, et l'Expert indépendant sur la dette extérieure et ses effets sur les droits de l'homme, Cephas Lumina.

Les revenus du café représentent 80% des revenus d'exportation du pays. 55% de la population, soit 750.000 familles, dépendent de cette culture, dont une majorité de petits paysans.

"Les populations vulnérables ne doivent pas être prises en otage par les politiques ratées du passé", ont affirmé les deux experts, en se référant aux politiques d'ajustement structurel qui encourageaient les pays en développement à privatiser les entreprises publiques, en particulier dans les années 1980 et 1990.

C'est en 2008-2009 que le gouvernement burundais s'est orienté vers une privatisation de la filière.

"Il y a des signes inquiétants qui montrent que les intérêts des producteurs de café n'ont pas été pris en compte dans le processus de réforme malgré l'ouverture des organisations de caféiculteurs à une réforme de la filière qui leur permettrait de monter dans la chaîne de valeur", ont souligné MM. De Schutter et Lumina.

"Les États ne doivent pas confondre leurs priorités avec celles des entreprises", ont-ils relevé.

"Des acteurs institutionnels comme la Banque Mondiale doivent soutenir les États dans leurs tentatives de réformer des secteurs économiques importants, mais selon des modalités qui n'exposent pas les paysans vulnérables aux aléas des marchés", ont-ils affirmé.

"Nous regrettons que la Banque continue de considérer qu'elle n'est pas tenue de prendre en compte les droits de l'homme dans ses processus de décision alors que les politiques qu'elle recommande ont des impacts très concrets sur les droits et les moyens d'existence des caféiculteurs", ont insisté les experts.