La CEDEAO demande aux putschistes la restauration du fauteuil au Président Kafando et l’organisation d’élections ouvertes aux candidats exclus d’ici le 22 novembre. En échange, les auteurs du coup d’Etat bénéficieront d’une amnistie.
Menée par le président sénégalais, Macky Sall, la médiation au Burkina Faso n’a finalement accouché d’aucun accord mais a permis à la médiation africaine et internationale de mettre en place des propositions de sortie de crise. La principale disposition de cette proposition est la restauration des institutions de la transition avec à leur tête le président Michel Kafando. La médiation propose également l’organisation d’élections présidentielle et législatives au plus tard le 22 novembre, élections auxquelles les candidats pro-Compaoré exclus par la transition seront autorisés à se présenter.
Autre disposition que prévoit le projet d’accord : le retrait des militaires du gouvernement de transition, notamment le départ de Yacouba Isaac Zida.
Plus encore, le projet de compromis propose l’adoption d’une loi d’amnistie pour les militaires putschistes impliqués dans le coup d’État du 17 septembre, tout en laissant le soin aux futures autorités élues de se pencher sur la réforme de l’armée et l’avenir du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).Cette loi devra être votée avant le 30 septembre.
Ce projet d’accord a suscité diverses réactions au Burkina. Les membres de la société civile burkinabè estiment qu’il s’agit d’une injustice «chronique» du fait qu’il n’évoque à aucun moment le rôle ni le sort réservé au Gal Diendéré, et facilitent la vie aux membres du RSP, auteurs de plusieurs crimes dans le pays.
Selon Guy-Hervé Kam, le porte-parole du «Balai citoyen», mouvement de la société civile à la tête de l’insurrection populaire contre Blaise Comparé, cet accord est un projet de sortie de crise «honteux», qui « légitime le coup d’État et les exigences du RSP».
Pour les officiers du RSP ainsi que les responsables du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, l’ex-parti au pouvoir), c’est une double victoire. Avant de s’envoler dans la soirée pour Dakar, Macky Sall a lancé un «appel pressant au calme, à la paix et à la sérénité».
Selon lui, deux issues se profilent désormais au Burkina Faso : celle, «que nous souhaitons tous, de la paix et du compromis menant à des élections apaisées, crédibles et démocratiques». Mais, «la deuxième, c’est celle du chaos», a-t-il prévenu. Pour lui, il est important que le peuple sache faire le choix.
Ce «projet d’accord» sera soumis aux Présidents ouest-africains lors d’un Sommet extraordinaire des chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest qui se tiendra ce mardi, au Nigeria.
Larissa AGBENOU