Burkina Faso : Gilbert Diendéré, le nouvel homme fort du Burkina

Afriquinfos Editeur 38 Vues
4 Min de Lecture

Dès qu’on le voit, l’homme suscite curiosité et respect. Du haut de ses 1m95, Gilbert Diendéré, est un homme qui s’impose partout où il se retrouve. Mais, cette allure imposante contraste avec la personnalité timide et le regard fuyant du général. Ces traits caractéristiques ne soustraient rien à la force de caractère de cet homme de 54 ans qui a joué depuis près de 20 ans, un rôle important dans l’histoire politique de son pays et dans la sous-région. Rien ne l’y prédestinait pourtant.

Originaire de la région de Yako, dans la province du Passoré, Gilbert s’est installé à Ouagadougou avec sa famille dans les années 1970. Son père, un militaire mossi, ne dépassera jamais le grade de caporal. Le rôle de ce général au Burkina Faso a commencé à se préciser en 1983, lors de la révolution de Thomas Sankara et de ses amis. C’est d’ailleurs lui qui annoncera la prise de pouvoir de Thomas Sankara à la radio !

En octobre 1987, c’est encore lui qui superviseral'arrestation de Thomas Sankaraqui tournera au drame.Au fil des années, Gilbert s’est imposé comme une personnalité importante dans le régime de Blaise Compaoré. Très vite, il devient le fidèle d'entreles fidèles de ce dernier, et son homme de confiance sur les dossiers les plus épineux.

Le nouvel homme fort du pays est également cité dans l’affaire de l’assassinat, le 13 décembre 1998, de Norbert Zongo, directeur du journal «L’indépendant» qui enquêtait sur le rôle trouble joué par François Compaoré, frère du président, dans la disparition de son chauffeur, David Ouédraogo. L’homme est également décrit comme l'homme le mieux renseigné du Burkina, le patron des renseignements généraux.

Une position qui le maintient pendant environ une trentaine d'années Chef d’état major du RSP, le Régiment de la sécurité présidentielle, faisant de lui l’un des hommes les plus importants et craints du pays.

Cette «idylle professionnelle» se brisera le 27 novembre 2014, lorsque le général Diendéré est démis de ses fonctions quelques semaines après la chute de son mentor, Blaise Compaoré. Malgré sa rétrograde, Gilbert continuait, ces derniers temps, à être l’interlocuteur privilégié des Français et des Américains en matière de sécurité, avant que les membres du RSP le propulsent temporairement à la tête du Burkina.

Pourtant, «le pouvoir ne l’intéresse pas», soutient l’un de ses proches. Pour beaucoup d’analystes, ce coup de force des membres du RSP parmi lesquels se compte le général Diendéré peut se justifier par le rejet de la candidature de Fatou Diendéré, l’une des figures du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dont le général est l’époux.

Pour justifier son acte, le général, lui, parle de «mesures prises pour empêcher la déstabilisation du pays alors qu’une grave situation d’insécurité pré-électorale régnait au Burkina». «Nous souhaitons discuter avec tous les acteurs politiques pour repartir sur de bonnes bases. Des élections auront bien lieu, mais nous devons d’abord nous concerter», a promis le président du CND dans une interview accordée à Jeune Afrique ce jeudi.

 Larissa AGBENOU