Bujumbura, cité-poubelle

Afriquinfos Editeur
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« Comment te débrouillerais-tu si tu étais pris d’une envie pressante sur le Boulevard de l'Uprona »? « Je courrai au marché central ou je me ruerai dans l’un de ces restaurants de la place, quitte à consommer une limonade à la sortie des toilettes. »

Cette brève conversation illustre bien l’un des handicaps de la capitale : l’insalubrité notoire. Avec plus de 400 000 habitants, selon le dernier recensement national de 2008, Bujumbura ne dispose même pas de latrines publiques, sauf dans les marchés. Les plus malheureux sont les chauffeurs de bus de transport en commun, dont les parkings sont dépourvus de lieux d'aisance et de poubelles.

Faute de toilettes publiques, les habitants transforment certains coins en véritables pissotières à ciel ouvert. Cas de l'Avenue de la Mission. La gent masculine s’y bouscule. Les femmes, par pudeur certainement, ne s'y arrêtent pas… 

Les riverains de la rivière Ntahangwa, qui traverse la commune urbaine de Buyenzi, ont trouvé la parade face au manque de latrines dans leurs habitations. Ils ont transformé les abords du cours d’eau en un immense lieu d'aisance, dont les berges sont visitées à toute heure de la journée par des gamins qui tombent nonchalamment leurs culottes pour se soulager. La nuit, c'est au tour des adultes…

En revanche, le Boulevard du 28 novembre, emprunté presque quotidiennement par les plus hautes personnalités de l’Etat, est fréquemment désherbé et, chaque matin, des employées municipales s'activent pour ôter le sable et les détritus du bitume…

La mairie a d’ailleurs commencé à installer des poubelles le long du Boulevard de l'Uprona, mais les vieux réflexes ont la vie dure. Papiers, pelures de fruits, et autres détritus en plastic continuent d’être jetés ici et là. Il arrive même de tomber sur des étrons nuitamment déposés sur les trottoirs ou dans les caniveaux.

Ajoutez à cela un service de ramassage public quasi inexistant et vous aurez fait le tour de la question : la capitale est, à l’image des villes de l’intérieur, dramatiquement insalubre. A l’approche de la commémoration du demi-siècle d'indépendance, une petite beauté s’impose.