Abuja (© 2019 Afriquinfos)- Mardi, le président nigérian Muhammadu Buhari s’est dit « très inquiet » devant la croissance des violences xénophobes dans ce pays d’Afrique Australe, contre les immigrés africains, notamment les nigérians, et a annoncé l’envoi d’une délégation à Pretoria.
Dans une note de la présidence nigériane, il a été mentionné que « le président Muhammadu Buhari a pris connaissance avec une grande inquiétude des nouvelles attaques sur les citoyens nigérians et leurs biens en Afrique du Sud depuis le 29 août ».
« Le président a également demandé à un envoyé spécial de rencontrer le président Cyril Ramaphosa pour lui faire part de ses inquiétudes et discuter de la situation », poursuit le communiqué, soulignant que cet envoyé « doit arriver à Pretoria au plus tard jeudi ».
.Lundi, le gouvernement nigérian a menacé de prendre des « mesures décisives » contre l’Afrique du Sud pour répondre à la nouvelle vague de violences xénophobes à Johannesburg et Pretoria.
« Les attaques perpétuelles contre les ressortissants nigérians et leurs intérêts économiques en Afrique du Sud sont inacceptables », avait estimé le gouvernement nigérian lundi sur Twitter, ajoutant: « Trop c’est trop ».
Les photos de magasins brûlés et pillés et de ressortissants étrangers tabassés faisaient le tour des réseaux sociaux mardi au Nigeria et de nombreuses personnalités publiques ont appelé au « boycott total » des entreprises sud-africaines, telles que DSTV ou le géant des télécommunications MTN et à renvoyer à Pretoria l’ambassadeur d’Afrique du Sud au Nigeria.
Des photos d’un magasin MTN vandalisé à Lagos, capitale économique du Nigeria, circulaient sur Twitter, mais le porte-parole du groupe, Funso Aina, a affirmé que ces clichés avaient été « photoshopées ». « Il n’y a pas le feu dans notre bureau d’Apapa (un quartier de Lagos) et il n’y a pas eu de représailles », affirme M. Aina. « Un appel (officiel, ndlr) au boycott serait totalement contre-productif », analyse de son côté Nonso Obikili, économiste et éditorialiste basé à Abuja, spécialiste des relations économiques entre les deux pays.
« Les compagnies sud-africaines qui sont implantées ici emploient des Nigérians, proposent leurs services ici, donc les boycotter serait autant dommageable pour nous que pour eux. Le Nigeria doit trouver d’autres moyens de pressions politiques pour résoudre ce problème », selon l’économiste.
Le président Muhammadu Buhari est attendu en Afrique du Sud en octobre pour rencontrer le président Cyril Ramaphosa, lors d’une visite programmée depuis plusieurs semaines. Les deux pays se disputent la place de première économie du continent.
Xavier-Gilles CARDOZZO