Libye : Tripoli accuse l’OTAN de "massacre" et l’opposition s’efforce de rétablir sa crédibilité

Afriquinfos Editeur
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Dans le même temps, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé mardi qu'ils avaient transféré la gestion des ambassades de Libye dans leur pays au Conseil national de transition (CNT), et l'Union européenne (UE) a élargi ses sanctions économiques contre Mouammar Kadhafi le même jour.

    

REMANIEMENT DU CABINET DU CNT

Mustafa Abdel Jalil, président du CNT, a dissous lundi le bureau exécutif du CNT, en indiquant que les 14 membres limogés devaient assumer la responsabilité de l'assassinat du chef militaire de l'opposition Abdel Fattah Younès.

Younès, ancien ministre de l'Intérieur de Kadhafi, a été assassiné le 28 juillet alors qu'il faisait route vers Bengazi, bastion de l'opposition, mais les circonstances de son décès n'ont pas encore été clairement élucidées.

 Certaines personnes dans son entourage ont affirmé que M. Younès a été rappelé du champ de bataille par le CNT, du fait qu'il était soupçonné d'être resté secrètement en contact avec Kadhafi après qu'il avait fait défection et rejoint les insurgés en février.

 La mort de Younès a constitué un revers pour les rebelles. Elle a entraîné des dissensions internes au sein de l'opposition, et elle a aussi embarrassé les pays occidentaux soutenant les rebelles.

Suite à cet événement, les Etats-Unis ont demandé aux insurgés de maintenir la solidarité et l'ordre au sein de leur camp.

Selon certains analystes, cette décision de Jalil de dissoudre le cabinet vise à rétablir la crédibilité de l'opposition.

    

 L'OTAN ACCUSEE DE MASSACRE

Les autorités libyennes ont accusé mardi l'OTAN d'avoir massacré 85 villageois lors de frappes aériennes visant à prêter main forte aux rebelles, dont la direction politique fait face à une crise après le limogeage de ses hauts responsables.

Les puissances occidentales seront tenues responsables de l'"horrible massacre commis par l'OTAN", a déclaré Kadhafi, cité par l'agence de presse officielle JANA.

En tout, 33 enfants, 32 femmes et 20 hommes ont été tués dans le "massacre" survenu dans le village de Majer, à 10 kilomètres au sud de Zlitan, a annoncé le porte-parole du gouvernement libyen Mussa Ibrahim, qui a ajouté que le village de Majer avait été attaqué par l'OTAN pour aider les rebelles à entrer dans la ville de Zlitan, sous le contrôle des forces gouvernementales.

Toutefois, le porte-parole de l'OTAN, le colonel Roland Lavoie, a rejeté mardi les accusations de lourdes pertes civiles, en déclarant que les avions de l'Alliance avaient bombardé uniquement une "cible militaire" lundi près de la ville de Zlitan.

L'attaque de l'OTAN a ciblé "deux bâtiments de ferme qui avaient été repris par les forces pro-Kadhafi et transformés en un complexe militaire de campagne", a révélé le colonel Roand Lavoie, en ajoutant qu'il n'y avait pas de "preuve de victimes civiles à ce stade".

Toutefois, si les pertes civiles étaient confirmées, ce ne serait pas la première fois que les frappes aériennes de l'OTAN en Libye provoquent la mort de civils. Les autorités libyennes affirment que des centaines de civils libyens ont été tués depuis le début de la campagne de bombardements de l'OTAN.

    

REPRISE DES PRESSIONS EXTERNES

 Les Etats-Unis ont annoncé mardi qu'ils avaient transféré la gestion de l'ambassade de Libye à Washington au CNT, qui a été reconnu par Washington en tant que gouvernement de facto de la Libye.

 Le même jour, des diplomates nommés par le CNT ont pris la direction de l'ambassade de Libye à Londres.

Au Canada, les autorités ont demandé mardi aux diplomates libyens de quitter le pays dans les cinq jours et elles ont coupé leur accès aux comptes bancaires de l'ambassade libyenne.

De son côté, l'UE a adopté mardi de nouvelles sanctions à l'encontre du régime lybien, en ajoutant sur sa liste noire deux acteurs économiques liés à Kadhafi, à savoir la compagnie pétrolière Al-Sharara et l'Organisme chargé du développement des centres administratifs (ODAC).

 "Ces mesures montrent la détermination de la communauté internationale à maintenir l'isolement du régime de Tripoli et à en tarir les revenus", a annoncé le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.