Le Rwanda était opposé, début janvier, à ce projet pour, disait-il, éviter à l’Afrique de devenir un « laboratoire d’équipements pour les services de renseignement étrangers. » Kigali semble avoir changé d’avis, sans doute pour ne pas davantage prêter le flanc à ceux qui le suspectent, depuis plusieurs mois, de vouloir déstabiliser une nouvelle fois son géant voisin de l’Ouest.
Le 21 janvier, le président rwandais Paul Kagame a surpris son monde en déclarant n’avoir « aucun problème » avec le projet onusien. « L’utilisation des drones par l’ONU ne me pose aucun problème, a-t-il expliqué. S’ils pensent que cela peut les aider, c’est à eux de voir. Je n’ai pas le pouvoir d’empêcher que cela soit fait. » Il a toutefois demandé qu’on lui explique « comment des drones peuvent contribuer au maintien de la paix. »
Le recours à ces appareils sans pilote avait été exposé, début janvier, par le Secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, le Français Hervé Ladsous, au cours d’un huis clos du Conseil de sécurité. Ce dernier reprenait à son compte une idée évoquée pour la première fois, en 2008, mais qui n’a jamais été entérinée. Elle avait été remise au goût du jour, fin 2012, avec la progression, dans la province congolaise du Nord-Kivu, des rebelles du M23, dont les casques bleus de la Mission de stabilisation de l’ONU au Congo n’ont pu enrayer l’avancée.
Le Secrétaire général Ban Ki-moon doit remettre dans les prochaines semaines au Conseil de sécurité » un rapport sur les moyens de renforcer la Mission onusienne au Congo, dont les insuffisances ont été mises en lumière par la prise de Goma en novembre 2012. Il n’est donc pas exclu que l’une des mesures préconisées soit le déploiement de drones de surveillance dans le Nord-Kivu, une région frontalière du Rwanda et de l’Ouganda, deux pays que l’ONU et la RDC accusent, malgré leurs dénégations, de soutenir le M23.