Attaque contre la gendarmerie ce 17 septembre à Bamako, défis sécuritaires toujours grands au Mali

Afriquinfos Editeur
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De la fumée s'élève dans le ciel de Bamako alors que sont audibles des coups de feu et des explosions, le 17 septembre 2024.

L’Armée malienne a déclaré mardi 17 septembre avoir le contrôle de la situation à Bamako, après ce qu’elle a présenté comme une tentative déjouée d’infiltration de la part de « terroristes » dans un complexe de la gendarmerie, une attaque rare dans la capitale.

Les « terroristes » désignent communément les jihadistes et les indépendantistes du nord dans le langage des autorités maliennes à dominante militaire depuis aout 2020. L’attaque de ce 17 septembre 2024 a été revendiquée par le JNIM, groupe terroriste affilié à la nébuleuse Al Qaïda.

Des opérations de ratissage sont en cours, selon l’Armée. Elle appelle la population à garder son calme et à éviter le secteur. Deux gendarmes ont été blessés, ont indiqué leurs proches. Des vidéos non authentifiées circulant sur les réseaux sociaux montrent deux hommes en état d’arrestation. Bamako, habituellement préservée des attaques quasiment quotidiennes dans certaines régions du pays, s’est réveillée au bruit des tirs et des déflagrations, a rapporté l’AFP. Des tirs sporadiques se faisaient toujours entendre en début de matinée de ce 17 septembre 2024.

« Des hommes armés non encore formellement identifiés ont attaqué ce matin (du 17 septembre 2024) au moins un camp de gendarmerie de Bamako », a expliqué un responsable de gendarmerie sous le couvert de l’anonymat. « L’aéroport de Bamako est momentanément fermé face aux évènements », a annoncé un responsable aéroportuaire, sans se prononcer sur la durée de cette mesure.

– Coups de feu et explosions –

Les coups de feu d’intensité variable, entrecoupés d’explosions, ont commencé vers 05H00 du matin (locale et GMT), a rapporté l’AFP. Une fumée noire s’élevait au lever du jour d’une zone proche de l’aéroport. Un témoin a indiqué être resté bloqué avec d’autres fidèles dans une mosquée proche de la zone des tirs à l’heure de la première prière matinale. Le lycée français ‘Liberté’ a diffusé un message annonçant qu’il resterait fermé « en raison d’évènements extérieurs ». Des employés de l’ONU ont également reçu un message leur intimant de « limiter (les) déplacements jusqu’à nouvel ordre ».

Le Mali, pays enclavé confronté à la propagation jihadiste et à une profonde crise multidimensionnelle depuis 2012, a été le théâtre de deux putschs, en août 2020 et mai 2021. Il est depuis gouverné par le colonel Assimi Goïta. A sa suite, ses voisins, le Burkina Faso et le Niger, ont également vu des militaires s’emparer du pouvoir par la force en 2022 et en 2023.

Le Mali reste la proie d’attaques dont la capitale est cependant largement préservée depuis plusieurs années. Depuis 2022, les militaires au pouvoir ont rompu l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie. Ils ont multiplié les actes de rupture, poussant vers la sortie la mission de l’ONU Minusma et dénonçant l’accord signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord, considéré comme essentiel pour stabiliser le pays.

Ils ont aussi fondé avec les régimes militaires burkinabè et nigérien une Alliance des Etats du Sahel il y a tout juste un an, et ont annoncé avec eux quitter la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), accusée d’être inféodée à l’ancienne puissance coloniale française.

Les autorités maliennes restent confrontées à de lourds défis, non seulement sécuritaires, mais aussi économiques, sociaux et structurels.

© Afriquinfos & Agence France-Presse