Armée « bigarrée » du débarquement de Provence à jamais dans les coeurs et dans l’histoire de l’Europe

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Des goumiers, soldats supplétifs fournis à l'Armée française par des tribus algériennes ou marocaines, défilent le 14 juillet 1945 à Paris.
Cinq anciens tirailleurs sénégalais posent le 15 août 2024 à Fréjus, dans le Var, avant une cérémonie de commémoration du débarquement en Provence.

« Ces hommes s’appelaient François, Boudjema, Harry, Pierre, Niakara », a insisté M. Macron, rappelant qu' »un grand nombre d’entre eux, spahis, goumiers, tirailleurs africains, antillais, marsouins du Pacifique, n’avaient jamais foulé le sol de la métropole » avant d’être envoyés participer à la libération de la France. « Il n’y aurait pas eu de victoire alliée » sans « les étrangers, les tirailleurs » d’Afrique: les présidents français Emmanuel Macron et camerounais Paul Biya ont rendu un vibrant hommage ce 15 aout 2024 à Boulouris-sur-Mer (Var) à l’Armée « bigarrée » du débarquement de Provence, il y a 80 ans.

Emmanuel Macron remet la Légion d’honneur à Larbi Jawa (C), au côté de Pierre Salsedo, lors de la commémoration du débarquement en Provence, le 15 août 2024 dans la nécropole de Boulouris, dans le Var.

« La part d’Afrique en France est aussi ce legs qui nous oblige », a plaidé le Président français, insistant sur le fait que les noms de ces soldats devaient « continuer d’être donnés à nos rues, nos places, pour inscrire leurs traces impérissables dans notre histoire ». « Lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt vital de la Nation, tous ceux qui se reconnaissent comme Français ont vocation à être ensemble », a-t-il ajouté.

« Il n’y aurait pas eu de victoire alliée sans la contribution des autres peuples, sans les étrangers, et autres tirailleurs » africains, a insisté le Chef d’Etat camerounais Paul Biya, ajoutant: « Cette lutte a été menée ensemble, pour défendre les valeurs et les idéaux universels de paix et de justice ». Après les discours, M. Macron a remis la Légion d’honneur à une résistante, Thérèse Dumont, qui a participé à la libération d’Arras, et à deux anciens combattants, le Marocain Larbi Jawa, blessé lors de la bataille du Mont Cassin en Italie, et le Français Pierre Salsedo, pied-noir de Tunisie affecté au PC du général De Lattre de Tassigny jusqu’à Berlin.

Agé de 100 ans, il a raconté ce 15 aout 2024 son arrivée à Marseille, peu après la libération de la ville: « Nous étions très émus de débarquer en métropole. On a été un peu refroidi parce que le premier soir, on a dû dormir dans une porcherie désaffectée. Mais à la guerre comme à la guerre… ».

– « Rattraper le temps perdu » –

Le 15 août 1944, quelque 100.000 soldats, essentiellement américains, canadiens et britanniques, ont débarqué sur les plages du Var, ouvrant la voie à plus de 250.000 Français de l’Armée « B », composée essentiellement de troupes venues des colonies françaises en Afrique, qui ont repris Toulon puis Marseille en moins de deux semaines. Ce succès a contribué à la libération de l’Europe grâce au matériel acheminé via ces deux ports méditerranéens. Mais il a aussi permis à la France, humiliée en 1940, de s’asseoir à la table des vainqueurs, grâce à l’engagement massif de ses forces en Provence alors qu’il n’était que symbolique en Normandie. Placée sous les ordres du général De Lattre de Tassigny, l’Armée « B », future « Première Armée », comptait 84.000 Français d’Afrique du Nord, 12.000 soldats des Forces françaises libres (FFL) fidèles au général de Gaulle et 12.000 Corses, mais aussi 130.000 soldats dits « musulmans », d’Algérie et du Maroc, et 12.000 soldats de l’Armée coloniale, comme des tirailleurs sénégalais, ou des marsouins du Pacifique et des Antilles.

« Si la France a pu écrire sous son drapeau +Liberté, égalité, fraternité+, c’est en partie grâce aux tirailleurs sénégalais », avait insisté mercredi 14 aout 2024 auprès de l’AFP N’Dongo Dieng, tirailleur ayant participé aux guerres d’Indochine et du Cameroun.

« La France nous avait oubliés, mais ils sont en train de rattraper le temps perdu », ajoutait de son côté Oumar Diémé, invité, comme son compatriote, parmi une délégation de cinq anciens tirailleurs à la nécropole de Boulouris, où reposent 464 soldats tués sous l’uniforme français durant l’été 1944.

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