– Comment les terroristes ont pu pénétrer ?
Un groupe d'assaillants, au nombre d'une trentaine, ont réussi à orchestrer une pénétration spectaculaire dans le complexe de gaz, prenant en otage quelque 800 employés.
"Il est difficile de dire comment le groupe armé a infiltré dans une zone supposée sécurisée (…) Mais je tiens à mentionner deux facteurs principaux qui peuvent faciliter l'infiltration : l'installation de gaz est située dans une zone désertique, ouverte et reculée, et les militants sont équipés de dispositifs de communication de haute technologie et des armes lourdes, ce qui leur permet d'atteindre n'importe quel site ils veulent et à tout moment qu'ils veulent", a indiqué le professeur.
"Les entreprises qui exploitent de telles installations sont responsables de les sécuriser en engageant une entreprise privée de sécurité à cette fin (…) Les autorités algériennes doivent elles aussi assumer une partie responsabilité, car elles ont échoué à intercepter l'infiltration de ce groupe armé", a-t-il dit.
Selon les médias locaux, la sécurité interne du site est prise en charge par le géant du complexe, British Petroleum (BP), tandis que la sécurité à l’extérieur du site est assurée par la gendarmerie nationale. A en croire les témoignages de certains rescapés, il y a des agents de sécurité mais ils n'ont pas d'armes.
– Pourquoi lancer un assaut rapide?
L'intervention rapide de l'armée, qui s'est soldée par la mort de plusieurs dizaines d'otages, a vivement suscité des remises en doute de la part des pays dont sont originaires les ressortissants dans la prise d'otage.
"L'intervention était la meilleure option, étant donné que de telles situations se terminent généralement par des pertes en vies humaines, comme le ravisseurs ont tendance à exécuter froidement les otages pour forcer et presser sur le côté adversaire pour répondre à leurs revendications. Ainsi, les militants sont responsables de la mort des otages".
"Les forces spéciales ont attaqué l'installation de gaz afin d'empêcher les militants de s'enfuir avec les otages".
"Les forces spéciales ont attaqué si vite la facilité parce que les autorités algériennes voulaient faire face à la crise des otages sans une intervention étrangère, pour éviter de donner à la question une dimension internationale".
– Qui est l'auteur? Pour quel motif?
Selon les médias, la prise d'otages sur le site gazier a été revendiquée par un groupe islamiste nommé "Signataires par le sang". C'est le nom que porte à son escadron l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, surnommé "le Borgne", après que celui-ci fut destitué d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont il avait été un des chefs historiques.
En ce qui concerne l'auteur qui se tient derrière cette attaque terroriste, l'expert a déclaré: "En fait, personne ne peut établir à qui appartient ce groupe armé vraiment. Donc, la bonne chose à dire, c'est qu'il s'agit d'un groupe armé qui effectue des actes terroristes pour se faire à la Une médiatique pour dire au monde qu'il peut se livrer à des attaques terroristes de qualité dans l'un des sites les plus sécurisés. Il voulait aussi faire des profits financiers, à travers la libération d'otages contre rançons, pour acheter plus d'armes."
Concernant le lien entre le motif de l'attaque et les frappes contre les extrémistes armés dans le nord du Mali, notre interlocuteur a indiqué : "A mon avis, cette attaque terroriste a un lien évident avec l'intervention militaire française au Mali, peu importe qui est derrière l'attaque, soit Belmokhtar Mokhtar ou quelqu'un d'autre. Il est clair que c'est un acte de représailles contre les autorités algériennes qui ont ouvert la l'espace aérien aux forces de l'armée française pour qu'elles puissent intervenir au Mali".
– Pourquoi il y a très peu d'informations officielles annoncées sur l'opération ?
Tout au long du processus de la gestion de la crise d'otage de quatre jours, il n'y avait quasiment rien d'informations annoncées par le gouvernement, ce qui a fait circuler, de manière chaotique, toutes informations mal sourcées.
A ce phénomène, le professeur a expliqué : "En Algérie, les opérations de sécurité restent secrètes et les détails sont généralement fournis après une période de temps, et parfois aucun détail n'est à fournir".
"Donc, l'absence de chiffres officiels sur l'opération de sauvetage a été prévue. Pourtant, je pense que c'est l'Armée nationale algérienne qui n'a pas voulu donner de précisions sur cette opération pour des raisons tactiques, étant donné qu'elle était toujours en cours".