«Il faut décider que la terreur est définitivement finie, qu'en Algérie, on protège les Algériens, que le ministère de la Culture protège ses artistes, que le ministère des Affaires religieuses ne saurait tolérer un appel au crime au nom de l'islam, que le ministère de la Communication ne saurait accepter que les médias deviennent la tribune de la mort », écrivent les artistes aux trois ministres.
«L'Histoire ne peut pas se répéter, car nous savons, nous avons tous, tous souffert ensemble des années de chaos et de barbarie il y a de cela à peine 15 ans», rappellent les signataires de la lettre parmi lesquels figure la chanteuse Salima Abada, dont le père Mustapha, ancien Directeur général de la télévision publique algérienne a été assassiné en 1993 par le Groupe islamique armé.
Mardi dernier, l'activiste Abdelfatah Hamadache Ziraoui a appelé sur sa page Facebook les autorités algériennes à condamner à la peine capitale l'auteur du roman «Meursault, contre-enquête» et à l'exécuter en public.
Les propos de l'activiste, interprétés comme fatal dans les milieux politiques et intellectuels, n’ont pas manqué de susciter l'indignation dans le pays. Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a réagi en qualifiant de « dérapage très dangereux » les propos de l'activiste tenus au moment où l'Algérie « déploie des efforts énormes contre la radicalisation rampante du discours religieux ».
« Nous attendons une réponse réelle, un geste fort, un signe clair, une action cohérente, de votre part, pour faire halte à ce danger qui menace gravement les artistes et le pays », ont lancé pour conclure les signataires de la lettre ouverte à l’endroit des ministres.
Chroniqueur au Quotidien d'Oran, la grande ville de l'ouest algérien, Kamel Daoud est l’auteur du roman « Meursault contre-enquête ».Dans cet ouvrage, Daoud donne la parole au frère de « l'Arabe » anonyme, tué par Meursault dans « L'Étranger »(1942) d'Albert Camus, français né en Algérie. « Meursault contre-enquête » demeure le best-seller de Kamel Daoud.
L. Agbenou