Côte d’Ivoire : remous à la mutuelle des fonctionnaires

Afriquinfos Editeur
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Elu en 2007, le mandat du conseil d'administration présidé par Holland N'Da est arrivé à échéance le 31 août dernier.

Mais une assemblée générale tenue avant l'échéance a prorogé le mandat jusqu'au 30 juin 2012, date à laquelle est prévue la prochaine assemblée générale élective.

En contestation de cette décision, une "assemblée générale extraordinaire" est convoquée le 21 décembre dernier par un " Collectif des organisations membres".

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En dépit d'une décision de justice relevant "l'irrégularité" de sa convocation, cette assemblée générale, à laquelle participaient 52 organisations sur 77, soit 2/3 des organisations membres, élit un nouveau conseil d'administration sous la houlette du colonel Yao Touré Albert, ancien directeur général de la mutuelle, en 2007.

Qualifié de "faux" et d'"illégal" par Holland N'Da, le nouveau conseil d'administration du colonel Yao Touré a tenté, en vain, de s'installer dans les locaux de la structure le 04 janvier, malgré un impressionnant détachement de policiers et gendarmes réquisitionné à cet effet.

Une profonde crise de confiance semble avoir cristallisé la méfiance des uns envers les autres.

Des syndicalistes, à l'instar d'Apollinaire Tapé Djédjé, de la Confédération des syndicats de fonctionnaires, soupçonnent Holland N'da de s'être octroyé un salaire de 9 millions FCFA contre 2 millions pour ses prédécesseurs et une prime d'installation de 100 millions contre 25 millions.

Le mis en cause "une campagne orchestrée par des prédateurs, visiblement attirés par le résultat net de deux milliards de l'exercice 2010", prévenant qu'il a déjà porté plainte contre son adversaire pour "détournement de fonds" lors de son passage à la direction générale de la Mutuelle.

A son départ le 07 février 2007, qui coïncide avec l'arrivée de l'équipe de Holland N'Da, le colonel Touré Yao soutient que les comptes de la Mugefci étaient crédités de plus de 7,8 milliards FCFA.

Les griefs des mutualistes et partenaires

Les mutualistes dénoncent à longueur de journées le système de quotas pratiqué par la Mugefci qui oblige les pharmacies à ne servir qu'un certain nombre de bons de produits pharmaceutiques par jour.

"C'est vraiment incroyable. Nous sommes automatiquement prélevés à la source sans notre consentement dès que nous commençons à travailler. Mais quand on est malade, on ne peut pas bénéficier des facilités de notre bon de Mutuelle", s'est plaint à Xinhua Oussou Bertrand, instituteur/

"A quoi cela nous sert-il que la Mugefci fasse des bénéfices si elle ne répond pas au minimum de ses missions ?", s'interroge-t-il.

Le système de quotas visait, selon Holland N'da, à lutter contre des fraudes présumées massives orchestrées par certains pharmaciens qui feraient des gains de 35 à 40 millions par mois au détriment de la Mutuelle.

Ce que dément l'Ordre des pharmaciens de Côte d'Ivoire.

Par ailleurs, l'ouverture d'une pharmacie pour le compte de la Mugefci aura encore accentué la discorde entre le conseil d'administration et les pharmaciens.

Les pharmaciens dénoncent une structure qui a été créée et qui fonctionne "comme une boutique de quartier, en marge des lois régissant la santé publique".

Pour eux, le Service médical des fonctionnaires où a été créée l'officine n'est ni une clinique ni une polyclinique censée disposer d'une pharmacie à usage interne.

Vendredi, le ministre de tutelle avait apporté son soutien au conseil d'administration dirigé par Holland N'da et appelé au respect des textes.

Près d'une semaine plus tard, mercredi, le "Collectif des 2/3 des syndicats statutaires" a décidé de mettre en branle des " actions d'envergure allant jusqu'à l'arrêt de travail" pour amener les autorités compétentes à prendre les dispositions idoines devant mettre fin à la crise qui secoue l'outil de prise en charge médicale des fonctionnaires.

Pour ce Collectif, la fin de la crise passe par le départ de Holland N'da et l'installation "dans les plus brefs délais" du colonel Albert Touré Yao.

La bataille pour le contrôle de la Mugefci est loin d'être terminée et les jours à venir s'annoncent mouvementés.

Plus de 100.000 fonctionnaires et agents de l'Etat adhèrent à la Mugefci.