En route pour 2012, les Ivoiriens aspirent à une paix définitive

Afriquinfos Editeur
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LA PAIX EN TOUT

Après huit ans de rébellion armée, une élection meurtrière en novembre dernier ponctuée par cinq mois de bicéphalisme au sommet de l'Etat et deux semaines de guerre à Abidjan, les Ivoiriens veulent la paix.

"Mon voeux le plus cher c'est la paix, la paix, la paix. Avec la paix, la sécurité est à notre portée pour lancer les grands travaux de reconstruction du pays, ce qui donnera du travail et créera la richesse", souhaite Emmanuel Yao N'Goran, écrivain qui croit savoir que "la paix des curs et des esprits passe par la réconciliation".

"Le peuple ivoirien meurtri n'aspire qu'à la paix", insiste-t- il.

Le souci sécuritaire est également au centre des préoccupations de Diallo Aly, enseignant de son état.

"Il faut qu'en 2012 l'encasernement des soldats des Forces républicaines soit effectif parce qu'ils exagèrent avec ce qu'ils font à Vavoua, Sikensi et à cause des affaires dans lesquels ils sont cités à travers le pays", soutient-il.

Des affrontements impliquant des éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et des populations civiles ont fait plusieurs morts dans les villes de Sikensi (sud), Vavoua (centre-ouest) et bien d'autres localités du pays, amenant le gouvernement à engager le repli des soldats de ces régions et leur encasernement effectif.

Glissant sur le chemin de la politique, des Ivoiriens estiment que la voie sur le chemin de la paix reste pourtant longue à parcourir.

"Je crois que les gens veulent la sécurité" mais "la paix, c'est les pro-Ouattara qui la veulent, pas les pro-Gbagbo", estime le journaliste écrivain Silver Konan qui pense que "tout le monde veut la réconciliation, mais nombreux sont hypocrites quand ils le disent, quelque soit leur camp".

Des partisans du président déchu Laurent Gbagbo posent comme condition à la réussite de la réconciliation nationale et du retour définitif de la paix, la libération de leur leader transféré devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye où il est poursuivi pour "crimes de guerre" et "crimes contre l' humanité".

De l'autre côté, les partisans du président Alassane Ouattara espèrent sa condamnation, pour marquer "la fin de l'impunité dans le pays".

Relativement à la cohésion sociale, l'artiste-musicien Valen Guédé déplore le fait que "l'existant a été fissuré par 10 ans de guerre".

Il souhaite vivement la "renaissance" et la "reconstruction" du pays.

LES PREOCCUPATIONS ECONOMIQUE DEMEURENT

"Je tiens à informer tous les amis qui m'ont envoyé des voeux promettant fortune et argent en 2011 que ça n'a pas marché. Donc en 2012, envoyez-moi directement l'argent en espèce", ironise un Abidjanais.

Pour anecdotique qu'il soit, ce voeux reflète le souhait d'une amélioration de la situation financière de la plupart des Ivoiriens sans-emplois ou mis au chômage subissant les effets de la fermeture des milliers d'entreprises saccagées ou délocalisées ou simplement asphyxiées par la crise post-électorale.

"Les Ivoiriens ont faim aujourd'hui", soutient Charles Pemont qui indexe la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité sur le marché.

Tout en souhaitant la paix, il prie pour que "le panier de la ménagère soit bien garni en 2012".

Comme lui, beaucoup d'Ivoiriens pensent que le "panier de la ménagère" pourrait être bien garni avec le déblocage du salaire des fonctionnaires, un meilleur prix d'achat du café et du cacao et des autres produits agricoles, une augmentation des salaires pour les travailleurs et la résorption du chômage des jeunes.

"Santé de fer aussi", crient certains, souhaitant l'effectivité de la gratuité des soins initiée par le gouvernement car "beaucoup de médicaments manquent dans nos hôpitaux".

Pour l'économiste Adrien Koffi, tous ces voeux ont en point de mire l'admission définitive, en 2012, de la Côte d'Ivoire au point d'achèvement de l'initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) pour une réduction substantielle de sa dette extérieure.

"Cette manne financière devrait permettre au président Ouattara d'engager le programme de ses solutions à l'ensemble des problèmes sociaux-économiques qu'a connu la Côte d'Ivoire après 10 ans de crise qui ont gravement retardé son développement", espère-t-il.