Bilan 2011 – La Guinée attend toujours l’aboutissement de sa transition politique

Afriquinfos Editeur
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A l'heure du bilan annuel, les Guinéens attendent toujours le changement promis, sur le plan politique notamment, à travers la mise en place des institutions républicaines qui doivent engager le pays sur la voie de la démocratie.

L'ELECTION DES DEPUTES, UN DEFI MAJEUR

A l'instar de ses voisins, la Côte d'Ivoire, le Niger et le Burkina Faso, la Guinée était engagée dans un processus électoral qui devait s'achever avec la mise en place du Parlement après l'élection présidentielle de novembre 2010.

Toutefois, près d'un an après l'élection du président Alpha Condé, la Guinée n'a toujours pas d'Assemblée nationale.

"Qui aurait pu penser que l'année 2011 se terminerait sans les élections législatives alors que dans le même temps des pays qui ont voté après nous auront déjà installé leur Assemblée nationale ?", s'interroge un analyste politique guinéen.

Les lois continuent d'être votées par le Conseil national de transition (CNT), l'organe législatif issu de la transition amorcée par la junte militaire au pouvoir après le décès du président Lansana Conté en 2008.

Le blocage entre le pouvoir et l'opposition, qui est représentée par le Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et l'Alliance pour le développement et le progrès (ADP), se situe au niveau des modalités pratiques relatives à l'organisation des législatives.

La controverse a porté toute l'année sur la révision des listes électorales et la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en charge de l'organisation des élections.

Les revendications de l'opposition se sont traduites sur le terrain par des manifestations publiques réprimées dans la violence et qui se sont soldées le 27 septembre par l'arrestation de 150 militants, aux dires de l'opposition.

L'opposition n'a pas sacrifié ses revendications mais pose dorénavant comme préalables à la tenue du scrutin législatif, la libération et la "réhabilitation" dans leurs droits de "toutes les personnes" arrêtées suite à la manifestation du 27 septembre, l'arrêt "immédiat" des activités de la CENI et de ses démembrements (les diverses commissions électorales qui dépendent de la CENI au niveau préfectoral, communal et sous-préfectoral).

ALPHA CONDE DESAMORCE LA BOMBE

Le 15 novembre, le président Alpha Condé a rencontré au Palais Sékoutouréyah les leaders politiques de tous bords pour tenter de renouer le dialogue afin de débloquer le processus devant conduire à l'organisation d'élections transparentes, aux résultats incontestables.

"C'est un premier pas encourageant même si cette programmation aurait dû se faire juste après son élection ou durant la période de grâce des 100 premiers jours", a estimé un leader politique à l'issue de la rencontre qu'il a présentée comme "l'amorce d'un dialogue constructif tant attendu par l'ensemble de la classe politique et les populations".

Cet avis rejoint celui de l'ancien Premier ministre Sydia Touré, président de l'Union des forces républicaines (UFR), qui pense que "mieux vaut tard que jamais".

Quant au leader de l'opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo, candidat malheureux à l'élection présidentielle, il voit lui aussi dans la démarche du président "l'expression d'une volonté de dialogue politique".

De fait, tous les leaders politiques saluent le "début d'effort, de part et d'autre, d'aller autour de la table afin de parvenir à la décrispation" de la vie politique en Guinée.

La "main tendue" d'Alpha Condé s'est également manifestée par une grâce présidentielle accordée à des personnes jugées et condamnées suite à la marche du 27 septembre.

Bien avant, le président Alpha Condé a mis en place, le 15 août, une Commission de réconciliation nationale co-présidée par le chef de l'église catholique et l'imam de la mosquée de Conakry.

Avec toutes ces actions combinées, le dialogue politique commence à porter ses fruits.

L'élection des députés, initialement fixée au 29 décembre par le gouvernement, a été reportée sine die.

Dans la foulée, la Commission de réconciliation nationale a réussi à convaincre la CENI de suspendre ses activités.

Ces mesures pourraient rassurer l'opposition et assurer sa participation aux législatives.

Un boycott du scrutin par l'opposition ne serait pas sans conséquences sur la vie politique guinéenne.

"La Guinée a besoin d'en finir avec cette transition et de poser les bases d'une démocratie viable afin que la confiance restaurée permette aux investisseurs guinéens et étrangers de relancer notre économie", souligne un leader politique.