Niger : la menace de l’insécurité alimentaire annoncée se fait sentir

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

En effet de l'avis des techniciens et des partenaires au développement, ce sont des millions de Nigériens qui vont souffrir cette année de crise alimentaire.

La campagne se vide petit à petit de ses bras valides, même des personnes d'âges avancés, dans certaines contrées, qui se ruent vers les principaux centres urbains, notamment la capitale, pour se mettre à l'abri des affres de la crise alimentaire.

Dans les différentes gares de Niamey, ce sont des centaines de personnes qui débarquent chaque jour en provenance de la campagne.
Autre signe illustratif de la ruée des villageois vers la capitale, le nombre exponentiel d'habitats en paillote qui poussent tous les jours dans les quartiers périphériques, servant de logis à ces exondant.
 

- Advertisement -

A Niamey, le phénomène le plus frappant, c'est le nombre de plus en plus croissant de mandants, de tous les sexes et de tous les âges, qui ne souffrent souvent d'aucun handicap, à la recherche de l'aumône pour vivre.

Ils pullulent tous les coins de la capitale (carrefours, marchés, écoles, pharmacies, institutions bancaires, devanture des mosquées…), et même dans les couloirs des services publics.

A cette ruée des populations vulnérables vers les villes, vient s'ajouter le faible approvisionnement céréalier sur le marché alors même que les prix ne font que monter tous les jours.

Selon les statistiques agricoles, comparées à la même période de l'année dernière, ces hausses sont dans l'ordre de 37% pour le mil, 26% pour le sorgho, 22% pour le maïs, les céréales les plus consommées au Niger.

Cette année, la situation est d'autant plus inquiétante que la majorité des populations se trouve déjà très affaiblie par les affres de la crise alimentaire précédente, il y a moins d'un an.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), déjà en octobre, environ un million de personnes avaient un besoin urgent de nourriture suite aux mauvaises récoltes au Niger.

"Ce chiffre est susceptible d'augmenter à l'approche de la période de soudure, qui dure d'avril à septembre", précise la même source.
Les résultats de l'évaluation des récoltes avaient établi, rappelle-t-on, un déficit céréalier national d'environ 500 000 tonnes, qui est pire que ceux qui étaient enregistrés lors des crises précédentes en 2005 et en 2010.

Déjà, en septembre, le Premier ministre Brigi Rafini, averti par les services compétents, avait déjà attiré l'attention des partenaires au développement, sur l'issue pratiquement compromise de la campagne agricole 2011.

"Nous avons besoin de votre concours pour faire face à la situation ; c'est une alerte que nous lançons", a conclu le chef du gouvernement à l'endroit des partenaires du Niger.

Réagissant à la requête du chef du gouvernement nigérien, les Nations Unies à travers son Fonds central des Nations Unies pour les Interventions d'Urgence (CERF) ont débloqués une somme de 6 millions de dollars à trois de leurs agences afin de leur permettre de mener des interventions dans le domaine de la lutte contre la crise alimentaire au Niger.

Parallèlement, pour permettre aux Nigériens de faire face à cette situation, les autorités nationales ont décidé d'affecter, cette année, 10 milliards de francs CFA dans la pratique des cultures irriguées, un des volets du fastidieux programme agricole, "l'Initiative 3 N" (les Nigériens Nourrissent les Nigériens), du président Mahamadou Issoufou, qui tarde à démarrer.

En effet, à croire les nouvelles autorités de Niamey, il suffit de promouvoir l'agriculture irriguée et de moderniser l'élevage, pour juguler définitivement les affres de la crise agricole.

"Cela est possible, car le Niger regorge d'immenses ressources en eaux souterraines, de terres irrigables et d'eaux de pluies", avait affirmé, rappelle-t-on, le chef de l'Etat lors de son investiture le 7 avril dernier.