FRATERNITE MATIN
La réconciliation nationale et le vivre ensemble prônés par les nouvelles autorités ivoiriennes sont-ils encore possibles dans le département de Gagnoa après le transfèrement de Laurent Gbagbo, fils de la région, à La Haye ? Pour les parents de Laurent Gbagbo, la douleur qu'ils ressentent en ce moment est infinie. Femmes, enfants, jeunes et vieux ont tous le visage triste envahi par des larmes, la voix presque inaudible. Les populations estiment que c'est un choc important. Les parents de Gbagbo ne peuvent contenir leurs douleurs. À Mama, village natal de Laurent Gbagbo, c'est un véritable deuil. Seuls les animaux domestiques se font entendre. Déjà, mardi, la place publique de la localité s'était vidée de son monde. Chacun, le cœur meurtri, s'est retiré chez lui pour essayer de comprendre ce qui arrive. Dans les autres villages, la situation est la même. Toute la journée de mercredi, les populations ont abandonné les travaux champêtres. À Gagnoa, dans les quartiers de Zapata, de Babré et de Garahio, des femmes ont pleuré à chaudes larmes. Avant de confier Laurent Gbagbo au Tout-puissant. Elles ont demandé à tous ceux qui l'ont aimé et qui continuent de l'aimer, de prier afin que Dieu le protège.
LE NOUVEAU REVEIL
Le président Alassane Ouattara a rencontré jeudi après-midi à la Côte belle vue de Conakry les Ivoiriens de la Guinée. Il a dit avoir avec le président guinéen, Alpha Condé, la volonté de renforcer les liens, économiques, politiques, entre la Guinée et la Côte d'Ivoire. " La Côte d'Ivoire est au travail. Nous voulons la contribution de chaque enfant de Côte d'Ivoire à cette évolution heureuse du pays ", a-t-il dit à ses compatriotes. Sur le départ de l'ancien président Laurent Gbagbo pour La Haye, Alassane Ouattara a indiqué que le mandat d'arrêt reçu de la Cour pénale internationale a été exécuté en respectant rigoureusement toutes les procédures et toutes les règles et tous les détails des règlements internationaux. " Aucun d'entre nous n'est au-dessus de la loi, la justice internationale fera son travail et en Côte d'Ivoire, le gouvernement continuera de faire son travail", a-t-il martelé. Sur la suspension des partisans de Laurent Gbagbo au processus de réconciliation, il a dit que "c'est un faux débat ". " Nous sommes condamnés à vivre ensemble en Côte d'Ivoire. Tôt ou tard, nous devrons nous réconcilier et le plus tôt, nous le ferons, le mieux ce sera pour nous-mêmes et pour tous les Ivoiriens. Le travail continue, la réconciliation continue ", a-t-il conclu.
L'INTELLIGENT D'ABIDJAN
Le procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio est rentré de Korhogo où, mardi, il a mis à exécution le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, lancé contre l'ex-président Laurent Gbagbo. Lors d'une conférence de presse vendredi, Simplice Koffi Kouadio a donné des détails sur le transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye. Selon lui, les charges retenues par la CPI contre le président Gbagbo sont des crimes contre l'humanité ayant pris la forme de meurtres, viols et d'autres formes de violences sexuelles, actes inhumains, actes de persécution, commis sur le territoire de la Côte d'Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. " Sur le volet crimes de sang, on parle de 3.000 morts au bas mot et de plus de 8.000 victimes. C'est compte tenu du nombre de victimes que nous avons décidé d'attendre avant d'ouvrir une information judiciaire, pour faciliter le travail du juge d'instruction ", a-t-il expliqué.