Johannesburg (© 2016 Afriquinfos) – Le président Jacob Zuma et des ministres sont fortement impliqués dans le rapport de l’ancienne médiatrice de la République, Thuli Madonsela.
Publié mercredi dernier, ce Rapport pointe de lourds soupçons de collusion entre l’exécutif et la richissime famille d’hommes d’affaires Gupta. Ces derniers sont soupçonnés d’influencer le président Zuma au point de lui imposer la nomination de certains ministres pour favoriser leurs intérêts. Le rapport dénonce les «sept visites» de David van Rooyen, alors député du parti au pouvoir, à la résidence des Gupta à Johannesburg, y compris la veille de sa nomination surprise au ministère des Finances en décembre 2015.
Le 9 décembre dernier, Nhlanla Nene, ministre des Marchés, est brutalement remplacé par un député inconnu, David Van Rooyen. Mais cette nomination crée la panique sur les marchés, la monnaie sud-africaine dévisse. M. Zuma est alors forcé de faire marche arrière quatre jours plus tard. La médiatrice s’appuie sur les coordonnées GPS du portable du député pour retracer une trentaine d’appels qu’il a passés alors depuis le quartier général des Gupta à Johannesburg.
Le rapport revient également sur des affirmations du vice-ministre des Finances Mcebisi Jonas, qui a assuré publiquement en mars que les Gupta en personne lui avaient proposé de prendre le portefeuille du Trésor, quelques mois plus tôt.
Selon la médiatrice, l’un des frères Gupta lui aurait proposé alors 600 millions de rands (40 millions d’euros) et lui aurait demandé s’il avait un sac pour transporter immédiatement l‘équivalent de 40.000 euros en liquide. Jonas refuse une nouvelle fois et ne sera jamais nommé ministre des Finances !!
Le rapport de la médiatrice épingle en outre le ministre des Mines, Mosenbezi Zwane, pour un voyage en Suisse, fin 2015 où il accompagnait la famille d’hommes d’affaires. Ce voyage fut destiné à mener une négociation privée pour le rachat d’une mine de charbon sud-africaine par la société Tegeta appartenant aux Gupta.
Cette riche famille est soupçonnée d’avoir pesé de son poids dans la nomination du patron d’Eskom, le fournisseur public sud-africain d‘électricité. Au regard de toutes ces accusations, dans ses recommandations, l’ancienne médiatrice de la République demande au président Zuma de nommer dans les 30 jours à venir une Commission d’enquête présidée par un juge sélectionné uniquement par le premier magistrat du pays. Cette enquête sera ensuite remise au Parlement qui déterminera les responsabilités.
Vignikpo Akpéné