Dans une tribune distribuée à la presse, le prélat a fait remarquer que "la priorité de la réconciliation a été reléguée au second plan de façon prématurée",
"J’appelle mes compatriotes, le gouvernement et la société civile, les leaders religieux et les éducateurs, les parents, les jeunes et les vieux, à créer des programmes et à engager des discussions visant à ressusciter l’esprit national de magnanimité et de but commun, et à favoriser l’estime de soi", conseille Desmond Tutu.
"Le sentiment d’euphorie nationale qui nous a saisis dans ces premières années de notre démocratie (après 1994) a masqué la nécessité de poursuivre le travail de guérison d’une société meurtrie par des siècles de division raciale et d’oppression", a relevé celui qui a reçu en 1984 le prix Nobel de la Paix pour son engagement pacifique contre l’apartheid.
Les mécanismes visant à redistribuer la richesse n’ont pas rempli leur rôle, l’écart entre riches et pauvres s’est creusé, le chômage fait des ravages et le système éducatif est incapable de donner les connaissances nécessaires pour sortir de la pauvreté, a-t-il déploré.
"Tous ces facteurs contribuent à retarder la guérison de l’âme de la nation, et conspirent pour préparer le terrain à d’intolérables niveaux de violence et de racisme qui minent notre société aujourd’hui", a analysé l’archevêque de 83 ans.
"Parmi les plus grands cadeaux de Madiba (Nelson Mandela) à l’Afrique du Sud, il y avait la leçon qu’il nous a apprise, de voir au-delà de la pigmentation, au-delà du sexe, de l’orientation sexuelle, du statut social et des croyances religieuses, pour reconnaître la valeur de chacun", a conclu Desmond Tutu.
AMBROSINE LAMY