Mali : revirement des anti-IBK qui exigent, à nouveau, la démission du président

Afriquinfos Editeur
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Bamako (© 2020 Afriquinfos) – Les responsables du mouvement de contestation dit du 5 juin, coalition de responsables religieux et de personnalités de la société civile et du monde politique, ont rencontré dimanche après-midi le président Keïta, après plusieurs semaines d’agitation politique.  Le président Keïta au pouvoir depuis 2013, fait “la sourde oreille” et “a royalement ignoré les demandes” contenues dans un “mémorandum” du mouvement, a indiqué cette coalition dans un communiqué publié dimanche, quelques heures après sa rencontre avec le dirigeant malien.

Ces demandes incluaient entre autre la dissolution du Parlement et la formation d’un gouvernement de transition dont le mouvement désignerait le Premier ministre, que le président ne pourrait pas démettre.

Après la rencontre de dimanche, le mouvement “réaffirme plus que jamais sa détermination à obtenir par les voies légales et légitimes la démission pure et simple” du chef de l’Etat. Il avait pourtant le 1er juillet indiqué ne plus faire de la démission du président Keïta un préalable au dialogue.

Ces rencontres visaient, une “décrispation” politique”, alors que le dirigeant malien bénéficie du soutien de la communauté internationale, a pour sa part précisé Bamako.

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“Trouver la solution”

Le mouvement dit du 5 juin qui avait fait descendre dans les rues de Bamako des dizaines de milliers de personnes à deux reprises en juin, en raison des législatives de mars-avril, et la décision de la Cour constitutionnelle de repêcher une trentaine de candidats déclarés battus, dont une dizaine de la majorité présidentielle, n’a également pas apprécié que le président Keïta l’ait renvoyé à des discussions avec les partis de la majorité présidentielle, qui selon lui “ne dispose d’aucun pouvoir”. Il appelle par conséquent à  “une plus forte mobilisation le vendredi 20 juillet 2020 et les jours suivants sur l’ensemble du territoire national et dans la diaspora”.

Le chef de file de ce mouvement de contestation, l’imam Mahmoud Dicko, avait été reçu samedi à Bamako par le président malien. “On a parlé de tout ce qui concerne cette crise et du pays de façon générale. Je pense qu’avec la volonté de tout un chacun et de toutes les parties concernées, nous allons Inchallah (si Dieu le veut) trouver la solution”, a déclaré l’imam Dicko à l’issue de la rencontre, dans une vidéo diffusée par la présidence.

Le président Keïta s’est “félicité” de la rencontre avec les responsables du mouvement de contestation, qui est “une victoire du Mali”, selon un communiqué de la présidence malienne publié dimanche soir. “Apaiser la crise actuelle et obtenir la libération de notre frère l’honorable Soumaïla Cissé sont ses priorités du moment”, a ajouté la présidence. S. Cissé, chef de file de l’opposition, a été enlevé le 25 mars par des jihadistes présumés alors qu’il était en campagne pour les législatives dans la région de Tombouctou, dans le nord-ouest du pays.

Le président malien a en outre indiqué avoir “renouvelé l’invitation (au mouvement de contestation) d’intégrer le gouvernement d’union nationale qu’il propose et dont la formation urge”, selon le même communiqué.

Des manifestations planent toujours

Par ailleurs, les adversaires du président Ibrahim Boubacar Keita n’excluent pas d’appeler à la désobéissance civile et à une manifestation le 10 juillet si leurs demandes restaient lettre morte.

De son côté, le camp de la majorité présidentielle se dit soucieux  de la paix, la sécurité,  et de l’apaisement du climat social. «  Nous devons privilégier le dialogue et la concertation pour un règlement pacifique de nos différends », a laissé entendre la coordinatrice adjointe du CFR Fatoumata Sacko, appelant les uns et les autres à se mobiliser  pour soutenir les institutions de la République.

Le G5 préoccupé par la situation au Mali

Le président français Emmanuel Macron, dont le pays engage plus de 5.000 soldats au Mali et dans la région contre le jihadisme, avait affirmé “l’urgence de mettre en œuvre rapidement les mesures visant à apaiser le climat politique”. Déjà en proie aux exactions des groupes terroristes, le Mali risque plus d‘être déstabilisé par cette contestation d’autant qu’il est déjà confronté depuis 2012 à des attaques jihadistes auxquelles se mêlent des affrontements communautaires meurtriers. Des violences qui se sont propagées aux pays voisins.

Préoccupé par la situation,  les alliés du Mali à savoir les pays du G5 Sahel et la France réunis mardi en sommet en Mauritanie ont exprimé cette inquiétude dans leur communiqué final, et appelé au dialogue.

 

Innocente Nice