La junte de Goïta engage un bras de fer avec la CEDEAO 

Afriquinfos Editeur
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Le colonel Assimi Goïta, le 18 septembre 2020 à Bamako, au Mali.

Bamako (© 2022 Afriquinfos)- La tension monte entre la CEDEAO et le gouvernement de transition au Mali. Réunis à Accra dimanche les Chefs d’Etat et de gouvernements de l’organisation sous-régionale ont eu la main lourde envers le Mali. De lourdes sanctions allant de la fermeture des frontières aériennes et terrestres au gel des avoirs du pays dans les banques centrales et régionales en passant par la suspension de toutes transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali. Ces sanctions n’ont de toute évidence pas ému les autorités de Bamako qui ont aussi répliqué.

Tout est parti d’un nouveau chronogramme transmis par les autorités maliennes à la présidence de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO le 31 décembre 2021 aux termes des Assises nationales de la Refondation (ANR) tenues dans le pays le 13 décembre 2021. Celui-ci prévoit la tenue des élections présidentielles d’in la fin décembre 2026. Ce timing a été jugée « totalement inacceptable » par les dirigeants de la CEDEAO pour qui : « Ce chronogramme signifie simplement qu’un gouvernement militaire de transition illégitime prendra le peuple malien en otage au cours des cinq prochaines années ».

En conséquence, ils ont décidé d’alourdir les sanctions déjà prises à l’encontre du Mali le 12 décembre dernier. Les nouvelles sanctions économiques et financières portent notamment sur la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali ; Suspension de toutes les transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et

Mali, à l’exception des produits suivants : biens de consommation essentiels ; produits pharmaceutiques ; les fournitures et équipements médicaux, y compris le matériel pour le contrôle du COVID-19 ; produits pétroliers et électricité ; le Gel des avoirs de la République du Mali dans les Banques Centrales et Commerciales de la CEDEAO et la suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la CEDEAO (BIDC et BOAD).

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A Bamako, on pas mis longtemps à répondre du tic au tac aux dirigeants de la CEDEAO. Dans une déclaration lue par le porte-parole de l’Exécutif pour la circonstance fait savoir que le Mali n’est ni impressionné ni intimidé par les sanctions de la CEDEAO qu’il juge manipulée par des « puissances extrarégionales ».

Sur la base de la réciprocité, le Mali informe qu’il ferme ses frontières avec les pays membres de l’instance sous régionale, se réserve le droit de réexaminer son adhésion à ladite entité et rappelle ses ambassadeurs accrédités auprès des États concernés.

Le bras de fer enclenché par les autorités maliennes avec la CEDEAO risque selon de nombreux observateurs d’avoir des conséquences néfastes sur l’économie malienne. Les milieux économiques craignent de lourdes répercussions sur le quotidien des populations.

Pour les détracteurs de la junte au pouvoir à Bamako, ses dirigeants devraient être les seuls à subir les sanctions, vu que ce sont eux qui n’ont pas respecté le chronogramme établi par la CEDEAO. « Le Mali ne peut pas survivre à une autarcie économique et politique », soutient un membre de la société civile malienne.

S.B.