Ghana: La polémique autour d’une loi criminalisant davantage l’homosexualité ne faiblit pas

Afriquinfos Editeur
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Accra (© 2021 Afriquinfos)- Après avoir reçu plus de 150 messages du public, en faveur et contre le nouveau projet de loi anti-LGBT interdisant toute promotion de l’homosexualité,  la commission ghanéenne des lois constitutionnelles et juridiques de l’Assemblée nationale a débuté lundi 8 novembre ses auditions autour de la nouvelle proposition.  Plusieurs personnalités ghanéennes ont été entendues, notamment des intellectuels, des religieux et des citoyens.

Si ce projet de loi controversé veut criminaliser le fait d’être lesbienne, gay ou transgenre et infliger jusqu’à dix ans de prison à toute personne qui soutient des droits des personnes LGBT, pour le député Sam Nartey George, il s’agit d’une « question de valeurs » : c’est ainsi qu’il présente son texte pour la promotion des droits sexuels dits « appropriés ».

« J’ai des amis homosexuels, je connais des homosexuels, je n’ai rien contre eux, se défend Sam Nartey George. Notre problème, c’est la promotion de l’homosexualité : le fait de dire que ce mode de vie doit être intégré dans notre société et enseigné à nos enfants, ce n’est pas ce que dit notre société. Nous avons vécu paisiblement avec eux toutes ces années, tant qu’ils gardent leur sexualité pour eux et dans leur chambre. »

C’est la création d’un centre de soutien aux personnes LGBT qui est à l’origine du texte. Créé en janvier pour lutter contre l’homophobie dans ce pays conservateur, le centre a été ouvert à peine un mois avant d’être fermé.

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Danny Bediako, directeur de l’ONG Rightify Ghana craint que ce projet de loi n’institutionnalise la discrimination :

« Ils veulent punir les gens simplement pour exister, donc c’est une mauvaise nouvelle pour nous. Pour les homosexuels, nous ne pourrons même plus nous identifier en tant que LGBT. Pire, si quelqu’un nous suspecte d’être une personne LGBT, ce projet de loi va imposer l’obligation de nous signaler aux autorités. Ce texte criminalise la compassion. Mais la compassion c’est aussi une valeur ghanéenne. »

Les auditions devraient durer quatre mois devant la commission parlementaire avant un vote au parlement, et il reviendra ensuite au président Nana Akufo-Addo de trancher.

Mais il sied de préciser que la loi est plébiscitée par les Ghanéens, dont 97% sont contre des relations homosexuelles d’après un récent sondage du groupe de recherche l’Afrobarometer.

Le Conseil chrétien du Ghana a notamment exhorté le Parlement à voter pour une proposition qui protège la famille contre les valeurs « non bibliques » dans ce pays où 71% de la population est chrétienne. En revanche, un groupe d’intellectuels et d’écrivains a dénoncé une « violation intolérable de la dignité humaine ».

Innocente VIGNIKPO