CAN-2019: Corentin Martins, le guide de la Mauritanie

Afriquinfos
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Corentin Martins

Entre le Maroc et le Sénégal, Corentin Martins a trouvé dans le désert un terrain fertile: l’ancien milieu des Bleus a appris son métier d’entraîneur avec la sélection de Mauritanie, qu’il a qualifiée pour sa première CAN.

Quand il a réalisé le doublé Coupe-Championnat en 1996 avec Auxerre ou atteint la même année les demi-finales de l’Euro, le joueur n’imaginait pas se reconvertir comme coach. Et encore moins épouser cette seconde vie dans un pays d’Afrique peu connu pour son foot.

A bientôt cinquante ans (le 11 juillet), l’homme aux 14 matches en équipe de France va vivre, lundi à Suez (Egypte) contre le Mali, sa première compétition internationale avec la casquette de sélectionneur des Mourabitounes qu’il a récupérée en 2014.

« Ca m’est venu quand je l’ai découvert. L’adrénaline que j’avais quand j’étais joueur, je l’ai retrouvée comme entraîneur », explique à l’AFP « Coco », qui a pris goût au banc lors de ses trois courts intérims, en L1 et L2, à Brest où il a aussi été directeur sportif de 2007 à 2013.

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« Il fait partie d’une génération qui était intéressée par le jeu, de manière très posée, abonde son coach d’une saison (1999/00) à Bordeaux Elie Baup. Je le voyais bien continuer dans le métier. Il était intéressé par le collectif, avec une attitude posée, réfléchie. Il aimait réfléchir sur le foot. »

Des huit sélectionneurs français présents en Egypte, c’est lui qui partage le plus beau CV de joueur avec Alain Giresse, dont le style a souvent été comparé au sien. Mais c’est aussi celui qui a le moins de vécu sur un banc.

– Roux, Hasek, Baup –

Avec la Mauritanie, la modeste 103e nation au classement Fifa qui ne compte qu’un seul joueur évoluant dans l’un des cinq grands championnats européens, le Breton d’origine a réussi son défi d’amener la sélection au plus haut niveau, en éliminant notamment le Burkina Faso, 3e de la CAN-2017, lors des qualifications.

Sa méthode: avoir redonné de la « confiance » au groupe. « Au départ quand on gagnait un match amical, on avait l’impression d’avoir gagné la Coupe du monde. On lisait dans le regard des joueurs avant le match: +De combien de buts on va perdre ?+. Aujourd’hui, je sens un regard différent, qui me dit qu’on peut gagner. Il y a plus de confiance. »

Il a peut-être injecté au petit Poucet du continent l’esprit de Coupe, lui qui a gagné trois fois la Coupe de France, dont deux sous les ordres de Guy Roux, le légendaire entraîneur de l’AJA.

« Je n’essaye pas de copier untel ou untel! », écarte Martins, qui cite néanmoins le coach au célèbre bonnet, ainsi qu’Ivan Hasek qu’il a connu à Strasbourg de 2001 à 2003 et Baup parmi ses influences.

L’ancien milieu a aussi tordu le cou à une vieille rengaine, selon laquelle il faut d’abord avoir fait ses preuves dans un club avant de prendre en main une sélection. 

« Il n’y a pas de bon début dans le métier. Il faut avoir des capacités d’adaptation, c’est l’un des principes pour être entraîneur. Commencer par une sélection ou une équipe… Il ne faut pas se limiter. Il n’y a pas de cursus. Il faut accumuler de l’expérience et les résultats, et après on enchaîne », explique Baup.

Et la suite, justement ? « Je n’ai aucun projet figé, déclare Martins. Je fonctionne au feeling. Je ne m’interdis rien, je ne ferme aucune porte, que ce soit en France ou ailleurs. On verra. »

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© Agence France-Presse