Sénégal : La classe intellectuelle laudative après le Goncourt 2021 du jeune écrivain Mbougar Sarr 

Afriquinfos Editeur
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Dakar (© 2021 Afriquinfos) – Comme pressenti, c’est au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr qu’a été attribué le Prix Goncourt pour son ouvrage «La plus secrète Mémoire des Hommes». A seulement 31 ans, le lauréat du prestigieux prix littéraire est une fierté pour tout le continent mais surtout dans son pays d’origine où les félicitations affluent venant notamment des milieux intellectuels.

A peine son a-t-il été dévoilé ce mercredi 3 novembre comme lauréat du Prix Goncourt que les librairies dakaroises ont été prises d’assaut pour s’arracher «La plus secrète mémoire des Hommes» de Mohamed Mbougar Sarr. L’ouvrage est actuellement en rupture de stock. Une notoriété grandissante pour celui en est à son quatrième roman et les honneurs qui vont avec. Le Chef de l’Etat sénégalais a été l’un des premiers à réagir à l’annonce de la distinction de son compatriote. Pour Macky Sall, «c’est une belle consécration qui illustre la tradition d’excellence des hommes et femmes de lettres sénégalais».

Dans sa foulée de nombreux intellectuels ont salué la plume du jeune écrivain. C’est le cas de Cheick Ndiaye, libraire à Dakar qui vit en première ligne, le succès de l’œuvre : «Une centaine d’exemplaires sont partis entre 11 heures et 14 heures ce mercredi, on a battu les records ! On a recommandé environ deux cents nouveaux ouvrages pour les semaines à venir car c’est certain qu’ils vont tous partir ! Depuis deux mois déjà, on avait une forte demande et cela s’était accentué avec la nomination au Goncourt. C’est un auteur qui monte en puissance. Nous avons appris cette nouvelle avec beaucoup de fierté».

Pour Alioune Badara Diop, juriste, « La plus secrète mémoire des Hommes » est tout simplement un Chef d’œuvre qu’il faut reconnaître à sa juste valeur  «Je l’ai lu en quatre jours, il m’a redonné goût au genre romanesque. Ce roman, c’est un vrai labyrinthe : du début à la fin, le lecteur est tenu en haleine, c’est la quête d’un auteur envers un autre auteur. J’ai l’habitude de souligner les livres que je lis et avec celui-ci j’avais environ 200 mots inconnus annotés. Cela démontre la richesse littéraire, le trésor qu’est ce livre. Je trouve qu’il est la preuve du génie littéraire. Certains pourront penser que cette victoire intervient dans un contexte particulier, notamment après le sommet France-Afrique, mais, pour moi, il ne s’agit que d’une coïncidence. La seule explication, c’est que ce livre est excellent et se suffit à lui-même ! Le Sénégal a produit beaucoup d’auteurs et continue de le faire, Mohamed Mbougar Sarr en est un exemple. Il faut que ce génie soit connu !», clame-t-il.

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«C’est un écrivain total : il est foisonnant, enthousiaste. D’abord c’est un styliste, car c’est quelqu’un qui a l’amour de la langue, des mots. Ce n’est pas quelqu’un que l’on lit facilement, d’ailleurs. C’est aussi un narrateur accompli, qui possède la science de l’histoire, de la narration. Enfin, c’est quelqu’un qui a de la substance : il a une forme d’érudition, c’est un homme de culture. Il parsème ses ouvrages de nombreuses références, il distille beaucoup d’éléments historiques. Et puis c’est un lecteur invétéré. Il est un immense écrivain. Je trouve qu’il s’est déployé au fil de ses œuvres, il a accompli avec ce roman un saut : il est passé à un autre niveau. Cela est aussi certainement lié au thème qu’il traite, c’est-à-dire la littérature, qui est ce qu’il aime, ce qu’il est», s’extasie pour sa part Fary Ndao, économiste, auteur de L’Or noir du Sénégal, coauteur de l’ouvrage collectif Politisez-vous ! (2017), auquel Mohamed Mbougar Sarr avait participé également.

Ce sont également des milliers d’anonymes sur les réseaux qui expriment leur fierté d’être contemporains et compatriotes de Mohamed Mbougar Sarr. Le natif de Diourbel est le premier auteur d’Afrique subsaharienne à être distingué par le prestigieux Prix Goncourt.

Boniface T.