Tchad: Les opposants des Déby virulents à l’égard des conclusions du Dialogue national

Afriquinfos Editeur
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N’Djamena (© 2022 Afriquinfos)- Au Tchad, les réactions politiques ne se sont pas faites attendre après les premières conclusions du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) rendues ce 28 septembre 2022. Le week-end dernier, le forum qui se tenait à N’Djaména a décidé de prolonger la durée de la transition de deux ans maximum, et d’octroyer la possibilité au chef autoproclamé de la junte militaire, le général Mahamat Idriss Déby, de se présenter à un mandat électif au terme de cette transition.  

D’après Brice Mbaimon Guedmbaye, porte-parole d’un groupe d’opposition, ces décisions de prolonger de deux ans la transition et de permettre aux responsables de la junte de participer aux élections n’ont pas de sens. « Nous avons l’impression d’avoir été mis devant un fait accompli, estime-t-il. Dupés, trahis, avec la complicité des institutions internationales, que nous ne comprenons pas. Aujourd’hui, la junte militaire, tirant sa légitimité de tout cela, voudrait donc conserver le pouvoir. Sans vouloir faire un procès d’intention, nous pensons que Mahamat Idriss Déby aura la juste idée, une idée élégante de renoncer à sa candidature à la prochaine élection et c’est possible qu’il le fasse. Parce que, maintenant, il n’y a que ses partisans qui défendent ces positions. Mais lui, personnellement, ne s’est pas encore prononcé sur la question. Et nous pouvons encore compter sur sa bonne foi en renonçant à sa candidature. Et c’est ce qui sera une très belle chose. Et nous continuerons par mettre la pression, à mener des négociations dans ce sens. »

Allant dans la même direction, le leader du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), l’un des plus importants groupes politico-militaires tchadiens, impliqué dans les combats qui ont provoqué le décès du président Idriss Deby Itno, il y a plus d’une année, estime qu’aujourd’hui leur lutte armée prend tout son sens à la lumière de ces décisions adoptées par le DNIS.

« Le FACT avait dit clairement dès le départ que si les résolutions qui seraient votées dans ce Dialogue-là tendent à exprimer clairement la volonté du peuple tchadien, à ce moment, on ne voit aucune raison de continuer notre lutte, dit-il. Malheureusement, on constate le contraire, même le parti de l’intérieur, on a constaté avec regret qu’il y a une dérive dynastique de transmission de pouvoirs. On ne peut pas admettre en 2022 transmettre le pouvoir de cette manière-là. Cette voie qu’on est en train d’emprunter là, ce n’est pas la voie de la paix. Donc, aujourd’hui, l’essence même de notre lutte trouve toute sa noblesse. », dixit Mahamat Mahdi Ali.

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Le FACT n’avait pas signé l’accord de Doha et n’a pas participé au dialogue, le considérant « biaisé d’avance« . De même, la majorité des partis de l’opposition et organisations de la société civile regroupés au sein d’une plate-forme, Wakit Tamma boycottent le DNIS.

Plusieurs fois reporté, le dialogue national s’est finalement ouvert le 20 août 2022 à N’Djamena, la capitale tchadienne, en dépit du boycott de la majorité de l’opposition et de deux des plus puissants mouvements rebelles armés.

Le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, autoproclamé chef de l’Etat à la tête d’un Conseil militaire de 15 généraux en avril 2021, avait aussitôt promis la tenue d’un dialogue de réconciliation nationale incluant « toute » l’opposition et « tous » les groupes armés. Objectif : l’organisation d’élections « libres et démocratiques » au terme d’une « transition » de 18 mois qui doit prendre fin en octobre.

« Nous organisons ce dialogue pour tourner la page de la transition et mettre en place un régime démocratique et une alternance« , expliquait à l’AFP le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah. Le 8 août, après cinq mois de discussions au Qatar, une quarantaine de groupes armés ont signé, à Doha, avec la junte un accord de paix.

Le jeudi 28 septembre, l’Union africaine avait pourtant interpellé le Conseil militaire de transition (CMT) au respect du délai de la transition qui devrait être de 18 mois et à ce qu’aucun membre du CMT ne se présente aux prochaines élections.

Vignikpo Akpéné