Yoya sur scène, Issa Jamal, pour l’état-civil, a 25 ans. Originaire de Muyinga, à l'est, il a été sacré ce 18 février meilleur chanteur pour 2011 par l'Isanganiro Awards, un concours musical très prisé au Burundi.
Alors élève en télécommunications, Yoya débute sa carrière en 2005 en signant le texte de 'Bime amatwi' – Ne les écoute pas (en kirundi). Le titre devient rapidement un classique de la génération montante de chanteurs R'n'B.
En 2007, il se produit a capella dans des soirées live. Il signe son premier grand succès avec ‘Muramumbwirira’ (Dites-lui de ma part). Dans un pays qui compte des dizaines de milliers d'exilés et de réfugiés, la chanson fait mouche. Le public est conquis par cette voix fragile qui supplie les « passants » de porter un message de réconfort à sa bien-aimée, restée au pays : « Dites-lui que je suis en chemin, que j’arrive », implore-t-il. Mais l’attente de la dulcinée risque d’être longue, car la vie impose son cours. Alors Yoya insiste : « Dites-lui de ne pas oublier nos promesses d’amour.»
Jusqu'ici, le répertoire de Yoya était beaucoup plus tourné vers le fait amoureux et l'éternelle relation homme-femme. Profitant d'une opinion de plus en plus marquée par la lutte contre la corruption, l'artiste a décidé de changer son fusil d'épaule. Le titre qui vient de le propulser premier dans Isanganiro Awards est Wiyumva gute – Comment sens-tu ?, un morceau dans lequel Yoya demande à un imaginaire fonctionnaire, sur un ton mi-provocateur mi-accusateur : « Comment te sens-tu quand tu pilles les biens de l'État ? »
Les quatre titres les plus appréciés lors du concours musical sont politiquement engagés. Le chanteur burundais est citoyen à part entière du pays, et il entend le faire savoir en proposant son regard sur l'actualité du pays.
