MSF/RDC a lancé mercredi une campagne de communication et de plaidoyer qui s'étalera sur toute l'année 2012 afin d'alerter l' opinion publique sur la situation gravissime des personnes vivant avec le VIH/sida en RDC et d'inciter les acteurs à se mobiliser pour étendre la couverture ARV.
MSF a affirmé qu'il s'alarme de la situation des personnes vivant avec le VIH/sida en République démocratique du Congo (RDC) et déplore le manque d'investissement du gouvernement congolais, ainsi que le désengagement des bailleurs de fonds, alors que le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la Tuberculose et le Paludisme fêtera ses 10 ans d'existence le 28 janvier.
"Les conditions d'accès aux soins des personnes vivant avec le VIH/sida en RDC sont catastrophiques. Au Centre Hospitalier de Kabinda (CHK) à Kinshasa, MSF voit arriver un nombre bien trop élevé de malades avec des complications graves, dues à l'absence de traitement, et dont la condition trop avancée entraîne des souffrances inacceptables", a déclaré la coordinatrice médicale de MSF en République démocratique du Congo".
Elle n'a pas caché ses inquiètudes en ces termes. "J'ai travaillé dans de nombreux pays d'Afrique centrale et australe auprès de patients séropositifs, mais ce que je vois ici en RDC n' existe plus ailleurs depuis plusieurs années", affirme Mme Anja De Weggheleire, coordinatrice médicale de MSF en RDC.
"La situation de la RDC me rappelle l'époque à laquelle aucun traitement ARV n'était encore disponible. Nos médecins sont confrontés quotidiennement à de graves complications qui seraient facilement évitables avec une mise sous ARV précoce des patients", a-t-elle expliqué.
Selon MSF, on estime actuellement à plus d'un million le nombre de séropositifs en RDC et à 350.000 le nombre de personnes qui devraient bénéficier d'un traitement antirétroviral.
Or seuls 44.000 patients sont effectivement sous traitement. Cela représente un taux de couverture en antirétroviraux (ARV) de moins de 15%, soit l'un des plus bas au monde (seuls la Somalie et le Soudan sont encore à ce stade dans tout le continent africain).
La RDC se classe également parmi les deux derniers pays d' Afrique de l'Ouest et du Centre en terme de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant (PTME).
En effet, seul 1% des femmes enceintes estimées séropositives a accès aux traitements PTME. Or sans traitement, environ un tiers des enfants exposés naît avec le VIH.
En dépit de ces indicateurs catastrophiques, la RDC ne bénéficie pas du degré de priorité qui devrait être le sien auprès des bailleurs de fonds.
Pire encore, certains se retirent ou diminuent sensiblement leurs subventions, comme le Fonds Mondial. En effet, alors que ce dernier est le principal pourvoyeur d'ARV en RDC, les Etats qui le
financent n'ont pas tenu leurs promesses, obligeant l'institution à revoir ses ambitions à la baisse.
Or le désengagement des bailleurs met directement en danger la vie de milliers de personnes en RDC. Anja De Weggheleire tire la sonnette d'alarme : "si rien n'est fait, il est fort probable que les 15.000 personnes qui sont actuellement identifiées sur une liste d'attente comme ayant besoin d'ARV de manière urgente seront mortes d'ici trois ans. Et ce chiffre, aussi effrayant soit-il, ne représente que le haut de l'iceberg quand on sait que la plupart des personnes vivant avec le VIH/sida en RDC ne connaissent pas leur statut sérologique. Beaucoup mourront dans le silence et dans l'oubli".
MSF exhorte les autorités congolaises à respecter l'engagement qu'elles ont pris à assurer gratuitement les services de prévention et de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/ sida.
Il est tout aussi urgent que les bailleurs de fonds considèrent la RDC comme une priorité et mobilisent d'urgence des moyens supplémentaires afin d'assurer que les patients en attente d'ARV ne soient pas condamnés.