Certes en dessous de la moyenne communautaire de 5,2% de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) dont le Cameroun fait partie avec le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine (RCA) et le Tchad, ce taux de croissance dépasse les prévisions initiales de 3,8% et conforte la tendance haussière fécondée par le rebond de 3,3% de 2010, après la contreperformance de 1,9% en 2009 du fait de la crise économique mondiale.
Selon le Premier ministre Philemon Yang lors de la présentation du programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l'exercice 2012, mi-novembre face aux députés de l'Assemblée nationale, "ce gain de croissance a été soutenu particulièrement par la production sylvicole qui a connu une hausse de 10% et la production agricole des produits de rente dont l'accroissement a été de 7%".
Dans le secteur secondaire, le taux de croissance est établi à 1,4% contre 0,5% en 2010.
Les autorités justifient ces résultats par des actions menées en vue de la création d'emplois et de richesse. Par exemple, "la couverture vaccinale a permis de réduire de 20% le taux de mortalité de l'aviculture villageoise. La production de viande et de lait a connu une nette augmentation, respectivement de 15.000 tonnes et de 50.000 litres, grâce à l'appui et à l'encadrement dont ont bénéficié différents groupes d'éleveurs laitiers et à la vaccination de près de 1.300.000 volailles".
Cet appui, vantent-elles, a permis de mettre sur le marché 427 tonnes de produits laitiers au cours de l'année finissante qui a vu aussi poursuivre l'exécution d'un financement de 4,5 milliards de francs CFA (9 millions USD) depuis 2005 pour le développement de la filière porcine où près de 30.000 éleveurs sont déclarés avoir pu bénéficier directement ou indirectement de mesures spécifiques d'encadrement.
Dopée par une embellie sans exceptionnelle du marché international, la commercialisation des produits de rente s'est améliorée avec la construction de 9 magasins de stockage de cacao et de café, la diffusion des prix d'achat permettant de garantir une rémunération plus juste des producteurs.
Premier produit d'exportation hors pétrole, le cacao brut en fèves, qui a généré 301,410 milliards de francs (602,820 millions USD) de recettes de l'Etat en 2010 pour 193.881 tonnes d'exportation alors que la production était en baisse à 195.000 tonnes au terme de la campagne 2009-2010 après avoir été établie à 210.000 la saison précédente, a repris de l'essor en se hissant à 218.702 tonnes en 2010-2011.
Pour sa part, le café, relégué à la 5e place des produits d'exportation après en avoir été 1er il y a des années et au 22e rang mondial avec une production estimée entre 35.000 et 40.000 tonnes l'an aujourd'hui après en avoir occupé le 12e une quinzaine d'années auparavant, s'est concentré dans sa conquête des marchés de niche qui, grâce au café lavé, a permis une augmentation des prix de vente de 25 à 41%, de source du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC).
Dans cette consolidation de la croissance du PIB (produit intérieur brut), la remontée du taux d'inflation à 3% vient jeter une ombre au tableau, d'autant que la folle envolée de 5,3% enregistrée en 2008, une année marquée par une poussée de violences contre la vie chère, a pu être ramenée à 1,3% en 2010, après avoir déjà dégringolé à 3% en 2009.
C'est dire que l'organisation par les pouvoirs publics des campagnes de vente promotionnelle des produits de consommation de masse pour lutter notamment contre la vie chère, les spéculations commerciales et autres pratiques anticoncurrentielles a été de peu d'effet pour épargner les ménages du désarroi de leur pouvoir d'achat faible.
En revanche, ces ménages ont continué à bénéficier des subventions des prix des carburants à la pompe qui, cependant, ont coûté au trésor public 315 milliards de francs (630 millions USD) sur l'ensemble de l'année, sur plus de 700 milliards (1,4 milliard USD) engagés depuis 2007, un investissement jugé au bout du compte trop lourd pour permettre au gouvernement de poursuivre à la fois cette politique sociale et d'impulser le développement économique national.
Avec 7 millions de pauvres et un taux de pauvreté monétaire de 39,9% pour une population ayant franchi officiellement la barre des 20 millions d'habitants en 2011 et qui croit de 2,8% l'an, le Cameroun, à la faveur du Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE) adopté par le gouvernement en 2009, s'est fixé l'objectif d'une croissance moyenne annuelle du PIB de 5,5% sur la période 2010-2020.
Le succès de son premier emprunt obligataire de 200 milliards de francs (400 millions USD) en novembre 2010 a donné des arguments aux autorités pour entreprendre avec plus de confiance l'émission également inédite de bons du trésor 50 milliards (100 millions USD) dès mi-novembre pour le financement de l'économie nationale et promouvoir le marché financier local et régional.
Ces fonds sont investis dans la réalisation des projets portant, en l'occurrence, sur le lancement fin février d'une nouvelle compagnie aérienne nationale (Camair-Co), la construction d'infrastructures comme le port en eau profonde de Kribi (Sud) dont la première pierre a été posée début octobre par le président Paul Biya lui-même, pour un coût d'environ 240 milliards de francs (480 millions USD) dont 207,7 milliards octroyés sous forme d'un crédit à taux préférentiel par Exim-Bank de Chine.
Objet d'un autre financement chinois, les travaux de construction du barrage hydroélectrique de Memve'ele (Sud), évalués à 243 milliards de francs (486 millions USD), ont aussi démarré, pour une puissance installée de 201 MW et une production annuelle de 1140 GW. Pareil pour celui de Lom Pangar (Est), soutenu cette fois par des financements français et africains mais construit par une entreprise chinoise, China International Water&Electric Corp. (CWE).
Pour l'heure, cette production d'électricité est établie à 1022 MW, en attendant l'injection de 100 MW supplémentaires en cette fin d'année grâce à un programme thermique d'urgence de 60 milliards de francs (120 millions USD).
Outre l'installation de plus de 5.000 km de câble de fibre optique dont environ 3.200 km sur financement chinois, une infrastructure qui est d'ores et déjà assurée d'améliorer la qualité du service en matière des télécommunications, 2011 a été l'occasion par ailleurs du lancement des travaux à Douala, la métropole économique, de la première usine de production du ciment au Cameroun de l'homme d'affaires nigérian Aliko Dangote.
Flattées par les résultats obtenus, les autorités de Yaoundé se sont dotées d'un budget de l'Etat de 2.800 milliards de francs (5,6 milliards USD) pour 2012, contre 2571 milliards (5,142 milliards USD) en 2011, pour un objectif de croissance du PIB de 5,5%.