Accord RDC-Rwanda, un deal accéléré par les enjeux des minerais essentiels dans les Grands Lacs

Afriquinfos Editeur
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Le Secrétaire d'Etat américain Marco Rubio (centre) et ses homologues congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner (droite) et rwandais Olivier Nduhungirehe (L) pendant la signature de l'accord de paix, le 27 juin 2025 à Washington.

La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé vendredi, 27 juin 2025, sous les auspices des Etats-Unis, un accord de paix visant à mettre fin au conflit dans l’est de la RDC, qui a fait des milliers de morts, Donald Trump saluant « un nouveau chapitre d’espoir ».

Le groupe armé M23, soutenu militairement par le Rwanda selon l’ONU et les Etats-Unis, s’est emparé des grandes villes de Goma en janvier et Bukavu en février au terme d’une offensive éclair faisant des milliers de morts.

L’est de la RDC, riche en ressources naturelles et frontalier du Rwanda, est en proie à des violences depuis plus de 30 ans. De multiples cessez-le-feu ont été conclus et violés depuis la reprise des opérations du M23 dans l’est de la RDC en 2021, et les affrontements avec les forces gouvernementales et alliées ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.

Kigali nie soutenir militairement le M23, mais affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les FDLR, créées par d’anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais d’avril 1994.

Premier producteur mondial de cobalt, la RDC détient aussi dans ses sous-sols au moins 60% des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l’industrie électronique, ce qui intéresse vivement le Président Trump. Au Conseil de Sécurité de l’ONU, la cheffe de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC, Bintou Keita, a estimé vendredi, 27 juin, que « les tensions persistent mais les lignes de front et de négociation bougent, ouvrant la voie à la paix ». Evoquant une « avancée majeure vers la fin du conflit ».

Le Secrétaire Général de l’organisation, Antonio Guterres, a lui évoqué une « étape importante vers la désescalade, la paix et la stabilité dans l’est de la République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs », appelant les parties à « respecter pleinement les engagements qu’elles ont pris ». Le Président français Emmanuel Macron a de son côté salué un « pas en avant historique après des décennies de souffrance ».

Pour l’ONG Physicians for Human Rights, qui a travaillé en RDC, l’accord comporte cependant des « omissions majeures », notamment en ce qui concerne l’obligation de rendre compte des violations des droits humains. « Il ne peut y avoir de paix durable sans justice véritable », a déclaré Sam Zarifi, directeur exécutif de l’association.

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