Porto-Novo (© 2025 Afriquinfos)- Si en aout 2024, l’amorce d’un dégel face à la crise du pétrole donnait espoir à une reprise des relations entre le Niger et le Bénin, ceci n’est plus le cas avec la récente sortie du général Abdourahamane Tiani. Ce dernier accuse toujours son voisin le Bénin d’accueillir des bases où s’entraînent, selon lui, des jihadistes. Ce que Cotonou nie également de son côté. Ces accusations justifient d’ailleurs la décision de M. Tiani de maintenir fermée la frontière terrestre entre son pays et le Bénin
La frontière du Niger avec le Bénin ‘’restera fermée’’, a déclaré sur la chaîne Télé Sahel le 31 mai 2025 le chef du régime nigérien, accusant une fois de plus Cotonou de soutenir et de former des terroristes pour déstabiliser le Niamey. Il a réitéré que la frontière ne serait rouverte qu’en cas de rupture de la coopération militaire entre Cotonou et Paris.
Le 1er juin, la diplomatie béninoise de son côté a ‘’rejeté avec la plus grande fermeté’’ des ‘’accusations graves et sans fondements.
Associer le Bénin à de telles pratiques est ‘’inacceptable et injuste’’, s’est insurgé Oloushegun Adjadi Bakari : ‘’Ce sont des accusations graves et sans fondements. Le Bénin combat le terrorisme sur son sol et en provenance des pays voisins, avec détermination et au prix de lourds sacrifices. Tenter d’associer notre pays à de telles pratiques est non seulement inacceptable, mais aussi profondément injuste à l’égard de nos forces de défense et de sécurité et de notre peuple tout entier.’’
Il poursuit : ‘’Nous respectons pleinement la souveraineté du Niger et son droit à choisir librement ses partenaires. Mais de la même manière, le Bénin ne se laissera jamais dicter ses choix de coopération et de partenariat qui relèvent exclusivement de sa souveraineté nationale’’.
Oloushegun Adjadi Bakari souligne : ‘’En 2024, malgré la fermeture de la frontière avec le Niger, le Bénin a enregistré une croissance de 7,5%, bien au-delà des prévisions et nous allons essayer de continuer de renforcer cette résilience’’.
Olushegun Bakari a également rappelé l’impératif de la coopération entre les deux nations sœurs. ‘’Nous avons le devoir de trouver le créneau pour pouvoir continuer à travailler ensemble. Parce que c’est ça qu’attendent nos peuples’’, a-t-il déclaré. Il a insisté sur la nécessité de résoudre les problèmes concrets plutôt que de s’engager dans des échanges stériles sur les réseaux sociaux.
Le ministre béninois des Affaires étrangères conclut : Pour le chef de la diplomatie béninoise, la sécurité transfrontalière est l’une de ces préoccupations majeures. Il a rappelé que la frontière du côté béninois reste ouverte, soulignant la volonté de Cotonou de rétablir une circulation normale des biens et des personnes.
Le Général Tiani avait également évoqué la « disparition des radars » de l’ambassadeur béninois au Niger, Gildas Agonkan, après une demande d’excuses formulée à Gaya. Sur ce point, le ministère béninois des Affaires étrangères a précisé que l’ambassadeur avait été rappelé pour consultation. Une information cruciale qui permet de comprendre l’absence du diplomate. Le ministre Bakari a par ailleurs annoncé la nomination prochaine d’un nouvel ambassadeur près du Niger. Un geste qui pourrait signaler la volonté du Bénin de maintenir le dialogue diplomatique malgré les tensions.
Samedi soir, le général Abdourahamane Tiani a dénoncé ‘’des forces néocolonialistes comme la France, l’Union européenne et les États-Unis’’ qui veulent ‘’déstabiliser’’ le Niger. Le président de la transition a accusé le Nigeria et le Bénin d’être des ‘’complices’’ de la France.
Le Niger a fermé sa frontière avec le Bénin après le coup d’État du 26 juillet 2023 à Niamey, qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum. Les relations entre les deux pays se sont tendues depuis le putsch.
V.A.