70 ans de règne de la Reine Elisabeth II, un lien intime avec l’Afrique via le Commonwealth

Afriquinfos Editeur
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Londres (© 2022 Afriquinfos)- Les Britanniques et les habitants du Commonwealth ont entamé la célébration des festivités du jubilé de platine du règne de la Reine Elizabeth II  (70 ans) ce jeudi 2 juin 2022. Un règne marqué notamment par les voyages en Afrique, une terre chère à son cœur.

La reine Elizabeth est à la tête du Royaume-Uni et du Commonwealth des nations depuis le 6 février 1952 à la mort du roi George VI. Mais elle était déjà une icône en Afrique, qu’elle connaît bien et qu’elle a visitée à plus de vingt reprises. Depuis qu’Elisabeth II a été couronnée le 2 juin 1953, elle n’a cessé de renforcer ses liens avec les républiques africaines du Commonwealth.

Un amour inconditionnel pour le continent ? La  question se pose quand  on sait que le 6 février 1952, c’est lors d’un safari au Kenya qu’Elizabeth II montait sur le trône britannique à la suite de la mort de son père. Elle avait entrepris ce voyage officiel à travers l’Afrique pour représenter le roi George VI qui était alors atteint d’une thrombose. Depuis ce moment-là, la reine est restée attachée à maintenir des liens avec le continent.

Probablement que le fait qu’elle ait appris le décès de son père quand elle était au Kenya a laissé un lien sensible avec les anciennes colonies africaines”, analyse Philippe Chassaigne, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Bordeaux-Montaigne et auteur “La Grande-Bretagne et le monde – 2ème édition – De 1815 à nos jours”.

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Il faut dire que pendant ce temps l’histoire de l’Afrique était marquée par la décolonisation. La montée des régimes d’apartheid en Afrique du Sud et en Rhodésie du Sud, l’actuel Zimbabwe, et l’arrivée au pouvoir de dirigeants indépendantistes comme Robert Mugabe ou Kwame Nkrumah bouleversent l’échiquier du continent.

9 novembre 1961: Ghana

Le 6 mars 1957, le Ghana devient la première colonie africaine à devenir indépendante. En 1961, la reine Elizabeth II reçoit son carton d’invitation par Kwame Nkrumah. Pas question de manquer à l’appel. Elle se rend dans ce pays d’Afrique subsaharienne, malgré l’opposition de Winston Churchill, figure historique du parti conservateur. « Il me semble que ce voyage soulève un certain nombre de problèmes. Outre les risques pesant sur la sécurité de la reine, il donnerait l’impression que nous cautionnons un régime qui se montre de plus en plus autoritaire et qui a emprisonné sans procès des centaines d’opposants« , écrit-il dans une lettre adressée au Premier ministre de l’époque, Harold Macmillan.

Il s’agira de la première visite d’État de la reine dans le Commonwealth moderne. Elle rencontre le président panafricain Kwame Nkrumah. Elle ouvre le bal en dansant même avec ce dernier. Ce geste est perçu comme une marque de considération par le président ghanéen. Son pays est traité d’égale à égale par rapport au Royaume-Uni. Conséquence directe ou indirecte

7 août 1979 : Zambie

En août 1979, le sommet du Commonwealth a lieu à Lusaka, capitale de la Zambie. La Zambie est limitrophe de la Rhodésie du Sud, future Zimbabwe et ancienne colonie britannique. La reine doit s’y rendre. Mais à l’époque, le contexte est particulièrement tendu.

La Première ministre britannique, Margaret Thatcher, en place à l’époque, ne souhaite pas que la reine se rende au sommet de Lusaka, situé à seulement 200 km de la frontière rhodésienne. Des avions s’y sont abattus quelques semaines avant sa venue. Si elle y va, sa sécurité ne sera pas assurée, craignent ses conseillers. Mais la reine se rend à Lusaka, contre l’avis de la Première ministre avec qui les relations ont toujours été froides.

Elle préside la signature de la Déclaration de Lusaka sur le racisme et les discriminations, qui établissent l’égalité raciale sur le plan légal, et condamne l’apartheid sud-africain.

19 mars 1995 : Afrique du Sud

Entre 1952 et 1995, la reine ne s’est pas rendue en Afrique du Sud parce que ça semblerait cautionner la politique d’apartheid qui s’était mise en place. En 1990, elle rencontre Nelson Mandela  une première fois au Royaume-Uni. Pour la première fois depuis 1947, elle  va retourner en Afrique du sud en 1995 à l’occasion de la fin de l’apartheid et de la réintégration du pays dans le Commonwealth. Lors de sa visite, Elizabeth II félicite ce pays d’avoir réussi en douceur sa transition vers la démocratie. La reine qualifie le processus de négociations, au terme duquel la majorité noire a accédé à la direction du pays après plus de 350 ans de pouvoir blanc, de « petite sorte de miracle ». Elle prononcera un discours à Port Elizabeth, pour exhorter la jeunesse sud-africaine à reconstruire sa nation.

À l’image de ces événements, la reine n’a eu de cesse de sous-entendre son désarroi face aux politiques d’apartheid, en n’hésitant pas à afficher sa sympathie pour des dirigeants africains contestés par le pouvoir britannique.  Ancienne colonie britannique l’Afrique du Sud est aujourd’hui  un État indépendant membre du Commonwealth.

Agée de 96 ans,  la reine a effectué dans sa vie 21 tournées en Afrique.  Elle devient le premier monarque britannique à atteindre une telle longévité sur le trône et dépassant son ancêtre la reine Victoria (1819-1901), dont le règne avait duré 63 ans et 216 jours.

Vignikpo Akpéné