Un Traité contraignant contre la pollution plastique dont la production annuelle est de 460 millions de tonnes devra attendre, après les négociations de Nairobi

Afriquinfos Editeur
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Un militant pour le climat tient une banderole à côté d'une installation de déchets en plastique, le 11 novembre 2023 à Nairobi, au Kenya, avant une réunion de 175 pays pour négocier des mesures concrètes pour lutter contre la pollution plastique.

Les négociations internationales contre la prolifération des déchets plastiques ont pris fin dimanche 19 novembre au Kenya, sur fond de désaccord sur l’ampleur du Traité et la frustration d’ONG de défense de l’environnement face au manque d’avancées concrètes.

Les négociateurs de 175 pays ont passé une semaine au siège du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à Nairobi pour tenter de trouver un terrain d’entente sur un projet de traité visant à résoudre le problème croissant de la pollution plastique. L’enjeu de ces négociations était de taille car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout: des déchets de toutes tailles se retrouvent déjà au fond des océans et au sommet des montagnes. Des micro-plastiques ont été détectés dans le sang ou le lait maternel.

Si les différentes parties se rejoignent sur la nécessité d’un Traité, le fond diverge entre les ONG qui plaident pour la réduction de 75% de la production d’ici 2040, et des pays producteurs de pétrole et les lobbys des industries plastiques qui militent davantage en faveur du recyclage. Durant cette semaine de négociations, les délégations ont mis « davantage d’idées sur la table, comblant les lacunes (…) nous disposons (maintenant) d’un document, d’un projet de texte, qui englobe beaucoup plus l’éventail d’idées« , se félicite auprès de l’AFP le porte-parole de l’International Council of Chemical Associations, un important lobby qui défend les intérêts de l’industrie du plastique, Stewart Harris. « Je pense que ça a été une semaine utile« , affirme-t-il.

Son de cloche différent pour plusieurs ONG de défense de l’environnement qui ont accusé certains pays, notamment l’Iran, l’Arabie Saoudite et la Russie, d’avoir fait de « l’obstruction ». « Sans surprise, certains pays bloquent les avancées, jouant de l’obstruction et de manœuvres procédurales », assure à l’AFP Carroll Muffett, directeur du Center for international environmental law (CIEL).

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« Compromettre les besoins des personnes les plus touchées pour satisfaire les désirs de ceux qui profitent du problème n’est pas une stratégie réalisable », déplore de son côté Graham Forbes, de Greenpeace. Pour les ONG, le temps presse et un Traité contraignant est nécessaire car la pollution plastique devrait s’aggraver: la production annuelle a plus que doublé en vingt ans pour atteindre 460 millions de tonnes.

Elle pourrait tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait. Or, seulement 9% des plastiques sont recyclés. Le plastique joue aussi un rôle dans le réchauffement climatique: il représentait 3,4% des émissions mondiales en 2019, chiffre qui pourrait plus que doubler d’ici à 2060, selon l’OCDE. La réunion de Nairobi est la troisième des cinq sessions d’un processus accéléré visant à conclure les négociations l’année prochaine. Après la capitale kényane, les négociations doivent se poursuivre en avril 2024 au Canada pour se conclure en Corée du Sud fin 2024.

Des délégués assistent à la dernière session des négociations internationales contre la prolifération des déchets plastiques, le 19 novembre 2023 à Nairobi, au Kenya.