‘La fabrique des Français’, une BD qui présente l’histoire des immigrés en France à lire à tout prix

Afriquinfos Editeur
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Paris (© 2023 Afriquinfos)- La Bande dessinée ‘La fabrique des Français’, histoire d’un peuple et d’une nation de 1870 à nos jours », de Sébastien Vassant,  Françoise Davisse et Carl Aderhold relate l’histoire du racisme en France, et l’intolérance envers l’étranger (que ce soit des Bretons aux Magrébins). Une inconduite qui minore l’apport de ces « étrangers » à la construction de la France contemporaine.

Dans son œuvre, publie chez Futuropolis le 24 mai 2023, le dessinateur  souligne qu’en France, le rejet est une constante depuis 1870. La BD explique que, malgré tout, la République, n’en déplaise aux grincheux, intègre!

Comment donc définir la nation française? Quand le peuple français est-il né et quelle est son identité? En réponse à ces interrogations, Sébastien Vassant rappelle la dimension massive de l’immigration en France, pendant des décennies. En 1871 par exemple, 1,2 million d’immigrés affluent dans l’année, principalement d’Europe (dont beaucoup d’Italiens que l’on va trouver en nombre sur le chantier de la Tour Eiffel). En 1930, c’est un pic de 3 millions de nouveaux immigrés qui arrivent en France en un an. Cette immigration s’accompagne de nouveaux phénomènes démographiques: exode rural, banlieues et cités dortoirs.

Quand le mot “immigration” intègre le Larousse (en 1888) se construisent les discours nationalistes et fleurissent les partis d’extrême-droite qui relient déjà l’origine étrangère à la criminalité. Les agressions d’immigrés italiens causent de nombreuses victimes, à grand renfort d’articles attisant les haines dans une certaine presse à grand tirage. Le racisme et l’antisémitisme prospèrent à la fin du XIXe siècle (l’affaire Dreyfus constitue une acmé), suscitant des débats nouveaux sur l’identité française. Cette question est par ailleurs brouillée par l’époque coloniale. Les Algériens par exemple ne sont pas considérés comme des étrangers mais des “indigènes”, à qui la France “offre” la civilisation… mais pas la citoyenneté.

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Quand, à partir de 1914, la première guerre mondiale fauche une génération (la moitié des hommes français de vingt ans y meurt), l’immigration devient plus que jamais une nécessité. Puis à partir des années 1930, la France accueille de nouvelles vagues de réfugiés fuyant les régimes fascistes, espagnol notamment. La xénophobie prospère à cette époque avec la montée des extrêmes droites en Europe. Le gouvernement de Vichy s’affaire à détruire des décennies de législations pour imposer une vision nouvelle et étroite de l’identité française. Amenant pour la première fois dans l’histoire de la France à des dénaturalisations de Français, parmi lesquels le peintre Marc Chagall. Quant aux citoyens juifs, ils sont persécutés puis déportés dans des camps d’extermination.

Une France construite grâce aux immigrés

A partir des débuts de la IIIe République, la nation française se développe avec une forte immigration, indispensable pour constituer une main-d’œuvre alors insuffisante pour les grands travaux qui vont faire entrer le pays dans la modernité. A commencer par le réseau des chemins de fer.

L’idée de nation française n’a cessé, depuis cette époque, de susciter des débats auxquels se mêlent considérations racistes, débats sur la laïcité, et raccourcis caricaturaux sur les origines chrétiennes de la civilisation en France. La droite et l’extrême-droite recyclent de vieux concepts inchangés depuis le XIXe siècle – elles évoquent aujourd’hui un supposé grand remplacement – en feignant d’ignorer que plus du quart des Français sont issus de l’immigration, et même la totalité si l’on s’amuse à remonter dans le temps.

Avec ces clichés, il y a lieu de conclure que la nation française est jeune (elle s’est inventée avec la IIIe République) et métissée. Mais souvent, les droites oublient que le métissage est constitutif l’identité française, et que la France s’est enrichie de cette diversité.

Ils sont bien nombreux ces immigrés qui ont contribué à construire l’image la France. D’Yves Montand à Marie Curie, Emanuel Ungaro, Edith Piaf, Joseph Kessel, Josephine Baker, Lino Ventura, Serge Gainsbourg, Albert Uderzo, René Goscinny, Emmanuel Levinas, Romain Gary, Simone Signoret, Zinedine Zidane, Georges Wolinski, Enki Bilal, parmi tant d’autres…

Beaucoup de ceux qui incarnent aujourd’hui, ici et ailleurs, le “génie” français sont originaires de pays étrangers. Dans un rapport officiel publié jeudi 30 mars 2023, en 2021, sept millions d’immigrés résidaient en France, soit 10,3% de la population totale.

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