Procès d’accusations de viols: Une nouvelle audience ouverte ce 23 mai en l’absence de Sonko, activité de nouveau ralentie à Dakar

Afriquinfos Editeur
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L'opposant sénégalais Ousman Sonko salue ses supporteurs à Ziguinchor, le 3 juillet 2022.

Le procès de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, et accusé de viols, a repris ce 23 mai en son absence au Tribunal de Dakar placé sous haute protection policière par crainte de troubles.

Des partisans d’Ousmane Sonko montent la garde près du domicile de l’opposant, le 22 mai 2023 à Ziguinchor, au Sénégal.

La chambre criminelle a rejeté après de long palabres les demandes d’un nouveau renvoi du procès présentées par les avocats respectifs de M. Sonko et de sa co-accusée. M. Sonko, président du parti Pastef-les Patriotes et troisième de la présidentielle en 2019, doit être jugé pour viols et menaces de mort sur une employée d’un salon de beauté de Dakar.

Son procès s’était ouvert le 16 mai, également en son absence, dans un contexte de heurts à Ziguinchor (sud), dans la capitale et sa région. Il avait été renvoyé à cette semaine.

L’affaire tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans. Les rendez-vous de M. Sonko avec la justice dans cette affaire et une autre de diffamation ont régulièrement donné lieu à des incidents et des heurts.

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L’activité a un fois de plus été ralentie à Dakar, l’école est suspendue jusqu’à jeudi matin à Ziguinchor. Mais aucun trouble significatif n’a été rapporté ce mardi matin. M. Sonko, 48 ans, a reconnu être allé se faire masser pour apaiser des douleurs de dos chroniques. Mais il a toujours réfuté les accusations dans les dossiers de viols présumés et de diffamation et crié au complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle de 2024.

Disant craindre pour sa sécurité, il a annoncé qu’il ne répondrait plus aux convocations de la justice sans garantie de l’Etat pour son intégrité physique. L’Etat n’a donné aucun signe d’avoir accédé à cette exigence.

M. Sonko est présumé se trouver à Ziguinchor, ville dont il est le maire et où il s’est retiré il y a plusieurs jours, à des centaines de kilomètres de Dakar. Ses partisans montent une garde étroite autour de son domicile pour parer une éventuelle tentative de l’arrêter et de l’amener de force au tribunal.

La coprévenue de M. Sonko, Ndèye Khady Ndiaye, patronne du salon de beauté où se seraient produits les faits, était, elle, présente à l’audience, de même que la plaignante Adji Sarr.

Des partisans d’Ousmane Sonko montent la garde près du domicile de l’opposant, le 22 mai 2023 à Ziguinchor, au Sénégal.

– « Confrontation » –

Les premières heures ont consisté en un affrontement pied à pied entre avocats et parquet pour ou contre un nouveau renvoi. Les avocats de M. Sonko l’ont demandé, Me Ousseynou Ngom arguant que son client n’avait pas reçu de convocation en bonne et due forme. Ils ont aussi invoqué l’absence de témoins importants. La défense de sa co-accusée a elle aussi demandé le report à une date ultérieure: leur cliente est dans les dernières semaines de sa grossesse et ils n’ont pas eu le temps nécessaire pour préparer le dossier, ont-ils plaidé.

Le conseil de la plaignante, Me El Hadji Diouf, s’est opposé à un renvoi. Il a qualifié M. Sonko de « fuyard » et de « poltron ». « C’est le moment de la confrontation. La vérité va jaillir. Le combat aura lieu », a-t-il dit. La cour a fini par déclarer que M. Sonko avait été convenablement cité à comparaître et que l’affaire était en état d’être jugée.

Le viol est passible de dix à vingt ans de prison. L’enjeu du procès est politique en plus d’être criminel. M. Sonko risque son éligibilité et donc sa faculté de concourir à la présidentielle de février 2024. Le cas de M. Sonko, populaire chez les moins de 20 ans qui représentent la moitié de la population, est source de tensions depuis 2021, avec les intentions du Président Macky Sall.

Ce dernier, élu en 2012, réélu en 2019, entretient le flou sur une nouvelle candidature en 2024. La perspective d’un troisième mandat compte de nombreux adversaires, qui le disent contraire à la Constitution.