Côte d’Ivoire: Une proposition de légalisation de la polygamie optionnelle suscite un débat sociétal

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Abidjan (© 2022 Afriquinfos)- La Ligue ivoirienne des droits des femmes, l’Association ivoirienne pour le droit des femmes, accompagnées de l’ex-ministre de la Femme et de la Famille, Constance Yaï s’insurgent formellement contre une proposition de loi portant sur la légalisation de la polygamie optionnelle introduite par le député Sangaré Yacouba.

Les militantes voient dans ce projet un affaiblissement de la condition féminine. Elles dénoncent également un risque de régression de l’arsenal juridique ivoirien: «Il n’y a pas de polygamie en Côte d’Ivoire. Il y a des hommes qui ont plusieurs maîtresses. Dites les choses avec leurs mots. La polygamie ne fait pas partie des préoccupations majeures de l’ensemble des Ivoiriens. Il s’agit de personnes qui se sentent contrariées par la fidélité dans le ménage. Ce n’est pas parce que notre société, très fortement patriarcale, pousse les jeunes filles à courir après un mariage quel qu’il soit qu’il faille mettre de côté les valeurs qui fondent un ménage. Ce n’est pas parce qu’on est en Afrique que les femmes doivent être considérées comme du bétail».

Une proposition de loi portant sur la légalisation de la polygamie optionnelle a été introduite par Sangaré Yacouba, député élu de la circonscription électorale de Koumassi pour son adoption ou non à l’hémicycle.

«Il est temps de mettre fin à l’hypocrisie et de briser le tabou de la polygamie, qui est pourtant une pratique réelle et courante dans nos sociétés africaines». C’est une assertion du député de Koumassi, Yacouba Sangaré, introduite ce jeudi 7 juillet 2022 et portant sur la proposition de loi relative à la légalisation de la polygamie en Côte d’Ivoire. Cette proposition de loi est intitulée: « Proposition de loi modifiant et complétant la loi N 219-570 du 26 juin 2019 relative au mariage« .

Selon le parlementaire, si cette loi arrive à être adoptée, celui qui le désire peut se marier civilement à autant de femmes de son choix car désormais la Polygamie serait régie par la loi. Pour justifier sa décision, le parlementaire a confié avoir mené une enquête auprès des différentes couches sociales auprès desquelles il a recueilli un avis favorable à la majorité de ce principe qui «mettra fin au code civil révolutionnaire qui instituait le mariage monographique comme modèle de famille nucléaire depuis 1964».

D’après le député de Koumassi, malgré les dispositions de la loi actuelle sur le mariage, la polygamie se maintient et progresse aussi bien dans les villes que dans les campagnes. « C’est pour cette raison que beaucoup de pays africains ont courageusement consacré dans leur législation, la reconnaissance des mariages polygamiques à l’image du Gabon, de l’Afrique du Sud, du Sénégal, du Mali, du Kenya…« , a-t-il souligné.

Dans l’espérance que sa requête trouvera une réponse favorable auprès de ses condisciples, il a révélé que «légaliser la polygamie serait le résultat d’une juste appréciation de la réalité sociale qui nous fera sortir d’une hypocrisie généralisée. Vue la multi-culturalité de notre pays, ma proposition de loi institue une polygamie optionnelle, laissée au libre choix de chaque citoyenne et de chaque citoyen».

Vignikpo Akpéné