Outrecuidance des enlèvements au Nigeria : L’émir de Kaduna a été compté parmi les victimes !

Afriquinfos Editeur
3 Min de Lecture

Kaduna (© 2021 Afriquinfos) – Pas une semaine ne passe au Nigeria sans que l’on fasse cas d’enlèvements dans le Nord-Ouest et le Centre du pays. Des individus armés communément appelés « bandits » en ont fait leur principale source de revenus. L’Emir de l’Etat de Kaduna en a fait l’amère expérience. Enlevé dimanche dernier en compagnie de 13 membres de sa famille, il a été relâché ce mardi tandis que ses proches sont toujours en captivité.

Des kidnappings contre rançon, c’est le nouveau modus operandi de vils personnages sévissant dans les régions du Nord et du Centre du Nigeria. Plus personne n’est à l’abri des « bandits » qui terrorisent les populations. Ils ont fait du vol de bétail et du rapt des personnalités, leur spécialité. Leur dernière victime en date est l’Emir de Kaduna. Alhassa Adamu, 83 ans a été enlevé dimanche avec 13 de ses proches dont des femmes et des enfants. Sa libération est intervenue, trois jours plus tard, ce mardi. Selon son fils ainé, ses ravisseurs l’ont laissé en périphérie de la ville d’où il a marché pour regagner son palais. Si le payement d’une rançon n’a pas été évoqué par les proches du leader religieux, il est impensable que la libération d’une aussi éminente personnalité n’ait pas été négociée contre espèces sonnantes et trébuchantes. La relaxe des membres de la famille de l’émir serait elle aussi subordonnée au payement de rançons, selon des sources proches du dossier. Des officiels du gouvernement, des leaders traditionnels, des proches du gouvernement, sont généralement les cibles de ces bandes armées pour obtenir une rançon.

Ces bandits qui selon les autorités nigérianes opèrent à partir de camps situés dans la forêt de Rugu, qui s’étend sur les États de Zamfara, Katsina, Kaduna et du Niger, font également du kidnapping en masse de lycéens, d’écoliers ou étudiants, leur fonds de commerce. Pas plus tard que lundi dernier, une centaine d’élèves ont été enlevés dans la ville de Kaduna. La fréquence de ces enlèvements devient inquiétante tant le « commerce » est lucratif pour les ravisseurs.  Un rapport de la firme nigériane SBM Intelligence publié l’an dernier évaluait à « au moins 18,34 millions » de dollars américains le total des sommes payées à des kidnappeurs entre janvier 2016 et mars 2020. Les sommes demandées pouvaient varier de 1000 $ US à 150 000 $ US. Si personne ne donne la provenance de ces montants car le payement de rançon est interdit au Nigeria, c’est soit l’Etat ou le gouvernement fédéral qui s’y plie.

Pour certains analystes, entre la crise économique accentuée par la Covid-19 et les inégalités qui prévalent dans les régions du Nigeria où près de 80% de la population vit dans l’extrême pauvreté, les enlèvements contre rançon, ont encore de beaux jours devant eux.

Boniface T.

Exit mobile version